Quant à la présidente de la cour d’assises, elle a lu la lettre qu’elle a adressée au ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne : "Je me permets d’attirer votre attention sur les doléances formulées par les accusés et leurs avocats sur les conditions de fouille et de transfert de la prison vers le Justitia. Avec en conséquence, le choix des accusés de ne plus assister aux audiences. L’évaluation de risques m’échappe…".
10 heures : séance suspendue
Plus tôt dans la matinée, la séance a été suspendue sur demande de Me Jonathan De Taye, l’avocat de l’accusé Ali El Haddad Asufi. "J’hallucine, je n’ai jamais assisté à un procès dans de telles conditions", commente-t-il alors que son client est couché sur son bras dans le box des accusés. Il s'interroge : "Nos amis policiers cagoulés dans le box ont-ils été formés à la prison d’Abou Ghraib ? Mon client a été étranglé si violemment qu’il en a perdu connaissance, il est marqué à la nuque, il n’est pas en état de suivre ce procès. Pourtant, c’est son but, il veut assister à ce procès."
J’hallucine, je n’ai jamais assisté à un procès dans de telles conditions
"Je veux qu’un médecin légiste constate la marque qu’il a sur son cou et je veux, séance tenante, qu’il voie un médecin. Je peux appeler le bâtonnier, mais il est hors de question que je représente un homme qui n’est pas en état de suivre son procès. Je vous demande une suspension et je veux participer à l’expertise médicale."
Demande acceptée par la présidente après une conversation avec l’accusé. "Je vais demander à Monsieur El Haddad de se lever. Monsieur, l’incident va être porté par votre avocat devant d’autres instances judiciaires, pas devant moi. En ce qui concerne ce procès, êtes-vous en état de rester dans ce box ?". "Non", répond l’accusé.
J’ai perdu connaissance
"Vous n’êtes pas en état médical et physique ou c’est un choix comme celui posé hier ?", demande la présidente. "J’ai perdu connaissance, j’ai la tête qui tourne", répond Ali El Haddad Asufi. "Je vais suspendre l’audience pour désigner un médecin légiste qui va venir vous examiner ici en cellule", conclut la présidente.
Pour l’avocat Me De Taye, si son client a été maltraité aujourd’hui, c’est parce qu’il a osé dénoncer leurs conditions de transfert hier.
Une épidémie de gastro dans le jury ?
La séance avait déjà mal commencé. Il y a un trou dans le jury : un des jurés suppléants souffre d’une gastro-entérite. C’est le 4e juré absent en moins d’une semaine. "On espère que ce n’était pas trop contagieux. S’il y a une épidémie de gastro, on suspendra", a alors annoncé la présidente de la Cour.