Le procureur fédéral Bernard Michel a déroulé, pendant près de deux heures, tous les éléments de preuve qui, pour lui, démontrent que l'accusé est coupable de participation aux activités d'un groupe terroriste et d'assassinats et de tentatives d'assassinats terroristes.
Dès sa prise de parole, les accusés Mohamed Abrini, Osama Krayem et Salah Abdeslam ont demandé à quitter la salle d'audience. Le parquet a également requis, la semaine précédente, leur culpabilité sur ces trois chefs d'accusation. Au total, 10 hommes - dont un fait défaut - sont poursuivis dans le cadre des attaques terroristes qui ont endeuillé la Belgique.
Bernard Michel a ensuite présenté en neuf points les éléments prouvant que Bilal El Makhoukhi a participé aux activités de la cellule responsable des attentats. Grièvement blessé au combat, l'accusé rentre en Belgique en novembre 2013 pour se faire soigner. Sans ce tir de sniper qui lui a valu une amputation, il serait resté en Syrie "jusqu'à ce que la charia domine le monde", avait-il déclaré à sa mère. Abattu par ce retour forcé, l'accusé "retrouve le moral" en janvier-février 2016 grâce au projet d'attentat, a estimé le procureur. "Son regain d'énergie (...) s'explique parce qu'il a retrouvé un sens à sa vie": redevenir "utile à la cause". En atteste, selon le magistrat, ses rencontres fréquentes avec deux des trois kamikazes, Khalid El Bakraoui et Najim Laachraoui. Des rencontres que l'accusé "confirme lui-même": "on se voit toutes les deux-trois semaines dans le quartier Marie-Christine" à Laeken, a ainsi relevé Bernard Michel, citant l'accusé.
Le procureur a également pointé la relation privilégiée de l'accusé avec Najim Laachraoui, "son ami et mentor". D'après les auditions de l'accusé Osama Krayem, l'artificier du groupe avait chargé Bilal El Makhoukhi de trouver une personne de confiance pour héberger certains membres de la cellule terroriste. Si celui qui se fera exploser à Zaventem confie cette tâche à Bilal El Makhoukhi, c'est parce que le groupe se tourne uniquement vers des individus de confiance, "des amis fidèles et de longue date", pour ne pas risquer de faire capoter le projet d'attentat, a exposé le procureur fédéral. Or, "une amitié indéfectible les lie: ce sont des compagnons d'armes" puisqu'ils ont combattu côte-à-côte en Syrie, "des frères de sang: ils ont vu les mêmes horreurs et subi les mêmes peurs".