Belgique

Procès des attentats de Bruxelles : pour l’accusation, Mohamed Abrini coupable comme les terroristes morts dans les attentats

Procès des attentats de Bruxelles : pour l’accusation, Mohamed Abrini coupable comme les terroristes morts dans les attentats

© PaliX RTBF

Par Patrick Michalle

Les magistrats Paule Somers et Bernard Michel ont entamé leur réquisitoire. En commençant par fixer le cadre juridique et technique dans lequel ils s’apprêtent à requérir contre chacun des accusés. Ils développeront pour commencer les préventions dirigées contre Oussama Atar et Mohamed Abrini.

Mais d’emblée avant d’aborder la situation des deux principaux accusés, ils ont estimé qu’il fallait requalifier la prévention d’assassinat dans un contexte terroriste en y ajoutant quatre victimes décédées plus tard et pour lesquels le lien de causalité entre leur décès et les attentats est avéré. Une question sera dès lors ajoutée à celles qui seront posées aux jurés à la fin du procès afin d’élargir le nombre de victimes de 32 à 36 personnes.

Les magistrats ont ensuite détaillé les éléments qui permettent de poursuivre les principaux accusés pour assassinats à caractère terroriste : "Ils ont frappé des lieux stratégiques : l’aéroport national et une station de métro en plein cœur du quartier européen à Bruxelles. En frappant là, ils terrorisaient une population dans son ensemble", a avancé Paule Somers ajoutant que la préméditation ne fait aucun doute sur base des éléments examinés au cours du procès.

Mohamed Abrini, coauteur des assassinats terroristes

Pour Bernard Michel, "l’homme au chapeau" est au même titre que les frères El Bakraoui et Najim Laachraoui, les kamikazes morts dans les attentats, auteur des assassinats et tentatives d’assassinats terroristes.

Il était présent dans toutes les caches et la confiance dont il jouissait de la part des membres de la cellule démontre qu’il était impliqué dans toutes les étapes du processus. Il est présent lors des contacts avec la Syrie depuis la rue Max Roos comme le démontrent les messages retrouvés dans l’ordinateur. Il est présent également lors de la confection des explosifs.

Il a eu des occasions de quitter la cellule terroriste pour se rendre en Syrie comme il affirme en avoir eu l’intention mais il ne l’a pas fait. Au contraire, il sera resté jusqu’au bout.

A propos de son "renoncement" de dernière minute, pour le procureur cela ne l’exonère en rien de ses responsabilités, d’autant qu’il n’a rien fait pour éviter que sa bombe n’explose à son tour : "Il aurait pu fuir plus tôt et sécuriser son chariot à l’extérieur ou l’abandonner dans un couloir vide, au contraire il le laisse dans un lieu de passage".

Sur le plan pénal, un renoncement suppose d’agir avant la commission de l’infraction : "Ici elle a déjà eu lieu, la première bombe a explosé […] Si une dalle était tombée sur le sac, il explosait, on a eu beaucoup de chance", poursuit Bernard Michel. "Il ne désarme rien du tout. Il aurait pu crier 'attention j’ai une bombe'. Il se serait sans doute fait arrêter mais son sort serait aujourd’hui plus enviable". Et Bernard Michel de conclure en rappelant que Mohamed Abrini n’a pas caché ses intentions terroristes dans ses écrits : "L’intention terroriste est présente ; venger les musulmans en Syrie ; terrifier les mécréants". Raison pour laquelle, il demande aux jurés de répondre positivement en ce qui concerne sa participation au groupe terroriste ainsi qu’en qualité d’auteur pour toutes les préventions énoncées à sa charge.

Oussama Atar l’organisateur des attentats

Pour Paule Somers, Oussama Atar est bien l’élément qui explique la radicalisation de ses deux cousins, les frères El Bakraoui. Et de citer son oncle venu témoigner au procès de Paris : "En septembre 2012 lors de son retour en Belgique, il était devenu une charpente du radicalisme islamique, allant jusqu’à refuser la présence de sa propre tante ou de placer un paravent devant sa télévision pour ne pas voir la présentatrice tête nue". Après avoir été plusieurs fois rendre visite à ses deux cousins, Oussama Atar quittera la Belgique pour retourner en Syrie.

Oussama Atar se retrouve ensuite à la direction de la cellule de la sécurité extérieure chargée d’organiser des attentats à l’étranger. Elle était utilisée pour mener des opérations spéciales : "Oussama Atar est connu pour être le 'boss' pour mener les attentats", dira l’un de ceux qui l’ont côtoyé.

Paule Somers donne lecture d’extraits retrouvés dans l’ordinateur rue Max Roos. Tous tendent à prouver qu’Oussama Atar était en liaison régulière avec Najim Laachraoui et que ce dernier attendait ses directives : "Tu veux qu’on travaille à long terme ou qu’on sorte tous, c’est toi l’émir. Les frères, ils préféreraient se focaliser sur la France et l’Euro 2016 […] J’attends ta réponse avec impatience".

Paule Somers ne manque pas d’insister que d’autres messages ont également été trouvés dans un PC rue du Dries ce qui démontre qu’on a bien affaire à une seule et même cellule répartie sur deux sites. Pour Paule Somers, il apparaît clair qu’Oussama Atar est coauteur des assassinats terroristes de Bruxelles et dirigeant de l’organisation terroriste. Faute de preuve officielle de son décès, l’accusation ne peut prononcer l’extinction des poursuites et demande aux jurés de le condamner.

Procès des attentats de Bruxelles : sujet JT du 30/05/2023

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