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Attentats de Bruxelles

Procès des attentats de Bruxelles : "Si on met en place toutes les conditions pour libérer la parole, on a tous à y gagner", assure l’avocat de Mohamed Abrini

L'invité de Matin Première : Stanislas Eskenazi, avocat de Mohamed Abrini

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Par Théa Jacquet sur la base d'une interview de Thomas Gadisseux

Le box des accusés, les transferts de la prison au Justitia, un accusé étranglé à sa sortie de cellule, des jurés absents… Le procès des attentats de Bruxelles qualifié d’historique qui devrait se prolonger jusqu’à l’été cumule les incidents. Plus récemment, les avocats des accusés dénoncent des fouilles à nu qui ont eu lieu lors des transferts client vers le lieu du procès. Six d’entre eux ont eu gain de cause devant la justice. Le juge des référés de Bruxelles voudrait que la police fournisse une analyse quotidienne des risques pour justifier les mesures de sécurité lors des transferts, actant la fin des fouilles à nu. Décision dont fait appel l’État belge.

Le bras de fer va donc se poursuivre, signale d’emblée Stanislas Eskenazi, avocat de Mohamed Abrini que l’on surnomme l'"homme au chapeau". "On nous a annoncé l’appel, on n’a pas encore pu prendre connaissance des arguments de l’Etat. Je rappellerais simplement que cette décision rappelle le droit. Elle n’interdit pas les fouilles. Elle rappelle que pour pouvoir pratiquer ce type de fouilles, il faut une analyse quotidienne", explique l’invité de Matin Première au micro de Thomas Gadisseux.

Pour lui, "le souhait de tous les avocats de la défense est que ce procès puisse se dérouler dans de bonnes conditions". Pour cela, il invite à prendre exemple sur le procès de Paris "où tout s’est bien passé pendant un an". Et si les droits de la défense ne sont pas respectés, il existe toujours la possibilité de recourir à la Cour de Cassation. Un nouveau procès pourrait alors avoir lieu dans le cas où une décision de justice est cassée par cette même juridiction.

Une perspective qui n’en est rien à interpréter envers les victimes, ponctue Stanislas Eskenazi. "Il y a ce danger qui consiste à vouloir mettre en balance la douleur de ces personnes avec les conditions de transfert. Il n’y a personne qui oserait faire ça." Il importe pour ce dernier de faire valoir l’État de droit.

Au terme des cinq premières semaines de procès à Paris, les accusés ont pu s’exprimer. Pour certains, il s’agissait de la première fois depuis cinq ans, souligne cet avocat de la défense. "Si on met en place toutes les conditions pour libérer la parole, on a tous à y gagner."

Capotera ? Capotera pas ?

Certaines victimes ont exprimé se sentir oubliées face aux accusés. La crainte que le procès s’arrête grandit à mesure que les jours se succèdent. Les avocats de la défense jouent-ils un jeu ? "Faire son travail, ce n’est pas jouer un jeu. Faire valoir les droits de la défense, ce n’est pas jouer un jeu", rétorque Stanislas Eskenazi. Et si le procès venait réellement capoter, qui faudrait-il blâmer ? "L’État qui ne respecte pas les droits qu’il est supposé garantir ? Les avocats qui dénoncent ou ceux qui commettent ces infractions ?", demande l’avocat.

Toujours concernant le procès de Paris, le représentant de Mohamed Abrini assure que de nombreuses "personnes ont pu au terme de (celui-ci) tourner la page. Il y a eu œuvre de justice". Et de poursuivre : "Aujourd’hui, en Belgique, c’est foirage sur foirage. Nous avons dès le départ informé tous les membres du pouvoir judiciaire, le parquet, on a écrit à la Cour depuis juillet déjà en disant qu’il y a des choses qui ne vont pas. Si on ne les résout pas maintenant, ça va foirer."

Et la suite ?

Le procès reprend ce 9 janvier et certaines victimes ont annoncé qu’elles ne viendraient plus. Peut-on s’attendre à entendre Mohamed Abrini à la barre ? "Il a toujours parlé. Il s’est expliqué, il a donné sa vérité par rapport aux faits pour lesquels il est poursuivi", garantit son avocat. Et de préciser : "Il a dit qu’il n’a rien à gagner parce qu’il sait qu’il risque d’être condamné cher et vilain, mais simplement qu’il souhaite, pour les personnes présentes, pouvoir parler. Donc son souhait a toujours été et sera toujours de pouvoir parler."

Concernant les fouilles, si elles se pratiquent de la même manière qu’avant et que rien n’a changé, "il y a de fortes chances qu’il y ait une demande que les accusés soient renvoyés dans leur cellule", avance Stanislas Eskenazi. Pour ce dernier, la seule manière pour ce procès d’arriver à son terme est "que l’État respecte l’État de droit".

"Ce sont les personnes qui sont en charge d’exécuter, de garantir les droits de nous tous qui ne les respectent pas. Et je n’en veux pas aux policiers personnellement, j’en veux aux personnes qui donnent les ordres, la police, le parquet, le ministre. J’en veux à ceux qui ont la possibilité de faire changer les choses." La suite du procès semble donc compromise.

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