Attentats de Bruxelles

Procès des attentats de Bruxelles : Smail Farisi affirme "ne pas être concerné par ces histoires de terrorisme"

Ibrahim et Smail Farisi, le 30 novembre 2022.

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Par Belga, édité par Marine Lambrecht

Lors de leur interrogatoire devant la cour d'assises chargée de juger les attentats du 22 mars 2016, les frères Smail et Ibrahim Farisi ont contesté toute implication dans l'organisation des attentats. Les deux hommes comparaissent libres au procès. Smail a affirmé "ne pas se sentir concerné par ces histoires de terrorisme". Il a déploré l’impact psychologique qu’a eu son incarcération de 22 mois entre avril 2016 et février 2018 : "je suis mort le 22 mars. Je ne vais plus en revenir, je le sais".

"J’étais un enfant jusqu’au 22 mars. Une belle enfance, délicieuse et sucrée", a-t-il décrit, interrogé par la présidente de la cour d'assises. Smail Farisi est apparu dans le dossier pour avoir sous-loué son appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek aux terroristes.

"J’ai juste aidé quelqu’un dans le besoin pendant trois jours", explique-t-il à propos de l’hébergement qu’il a proposé à Ibrahim El Bakraoui, qui se fera exploser à l’aéroport de Zaventem le 22 mars. "Je n’ai pas aidé pour ramener des sacs d’explosifs et se faire péter." "On n’aura pas les réponses. Ils ne sont pas là (pour répondre). Il vaut mieux ne pas les avoir (les réponses, NDLR) par moments. La vérité n’est pas bonne parfois", a glissé l’accusé.

"Sincères excuses" aux victimes

Avant cela, Smail Farisi avait contesté être lié aux "horreurs" des attentats à Zaventem et à Maelbeek et faire partie d’un groupe terroriste. Il a ensuite tenu à présenter de "sincères excuses" aux victimes. "Mon cœur est avec eux, je n’ai jamais voulu de mal à qui que ce soit."

Le trentenaire a été privé de liberté le 9 avril 2016 et ne sera libéré qu’en février 2018. "La prison telle que je l’ai connue a été dévastatrice. Bien sûr que je n’allais pas bien" à ma sortie, a-t-il répondu à la présidente.

Smail Farisi a toujours eu d’importants problèmes d’alcoolisme, qui le poursuivent encore aujourd’hui. "J’ai toujours aimé boire. Ce n’était pas un problème à ce moment-là (avant le 22 mars 2016, NDLR). Je n’étais peut-être qu’un bête ivrogne, mais ma vie me plaisait. J’étais prisonnier de cette passion (pour l’alcool)."

Aujourd’hui, les effets sont différents. Ce n’est plus marrant. Avant je buvais pour me marrer, maintenant je bois pour pleurer.

Questionné sur les protagonistes du dossier, l’accusé a décrit Ibrahim El Bakraoui, qu’il a connu à l’école, comme quelqu’un de posé et de normal. Son frère Khalid, qui déclenchera sa charge dans le métro, était, lui, "répugnant, dans tous les sens du terme. Il faut le voir, le phénomène. Mais on ne le verra plus… C’était une pourriture, tout simplement."

Smail Farisi s’est enfin présenté comme une personne "manquant d’intelligence à certains moments. Je dois avoir des carences quelque part."

"Un corps sans âme"

Son frère, Ibrahim, s'est décrit devant la cour comme "un corps sans âme". "On m'a volé ma vie", a également affirmé l'homme, qui est le seul des accusés à n'être inculpé que de "participation aux activités d'un groupe terroriste".

À l'unique question visant à savoir s'il était en aveu de ce chef d'inculpation, Ibrahim Farisi a répondu par la négative. "Participer avec qui ? Je ne connais personne ici, je ne vais pas participer avec quelqu'un d'invisible", a-t-il lancé à la présidente de la cour, Laurence Massart.

L'accusé a été arrêté avec son frère le 9 avril 2016 puis libéré sous conditions sept mois plus tard. L'une des conditions lui imposait de trouver du travail. "J'ai été aux taxis, puis au CPAS en tant qu'agent d'accueil", a expliqué Ibrahim Farisi. "Maintenant, je n'ai plus d'emploi et j'émarge au CPAS." Questionné sur son état psychologique, le trentenaire a affirmé "vider une boite d'anxiolytiques en deux jours".

Il a par contre soutenu être en cours de sevrage concernant l'alcool, dont sa consommation problématique l'avait amené à se faire remarquer à plusieurs reprises depuis le début du procès. Anticipant la question sur ses qualités et défauts : "je n'ai plus de qualité, plus de défaut, plus d'espoir. Je suis un corps sans âme, on m'a volé ma vie. Je ne fais plus rien de ce que j'aime", a exprimé l'accusé.

"Tout ce que j'ai entendu ici depuis trois mois c'est un fardeau pour moi."

L'homme a enfin présenté ses relations avec sa famille comme excellentes avant de se remémorer sa vie d'avant. "J'étais ambitieux, sociable, les gens venaient vers moi. J'aimais aider les gens. J'aimais ma vie d'avant", a-t-il conclu.

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