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Processus d'adhésion à l'Otan lancé pour la Suède et la Finlande, avec le soutien par la Turquie

Les principaux dirigeants de la Suède, de la Finlande et de la Turquie se sont réunis hier soir pour arriver à un accord permettant de lancer l'adhésion à l'Otan.

© AFP

Par claw

Plus de 4 mois après le début de l'offensive russe, les espaces géostratégiques se redéfinissent et évoluent. Un sommet historique de l'Otan a débuté hier. Il se clôturera demain; un sommet théâtre de revirements de situations. La Turquie lève son véto, ce qui permet à l'OTAN de lancer la procédure d'adhésion. Les décideurs politiques saluent déjà le franc succès de ce sommet. 

Un revirement stratégique de la Suède et de la Finlande

Depuis l’invasion russe en Ukraine, les pays géographiquement proches de la Russie tentent de se mettre à l’abri de potentielles attaques du Kremlin. La Russie semble menaçante pour les États qui ne sont pas membres de l’Otan, comme c’est le cas de la Géorgie et de la Moldavie. Après avoir consulté leur population, la Suède et la Finlande tentent donc d’intégrer l’Otan face à une Russie capable d’envahir ses voisins. La demande officielle est envoyée le 18 mai, ce qui rond officiellement avec une tradition de neutralité.

En 1812, la Suède choisissait de ne plus participer à aucune alliance militaire en temps de paix, ni à aucun conflit armé en temps de guerre. La Finlande, depuis 1945, a toujours privilégié la voie de la neutralité. D’après Jens Stoltenberg, Secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord, une tel revirement est historique.

La Suède et la Finlande sont déjà liées à l’Otan par un Partenariat pour la Paix, un programme de coopération entre l’Otan et d’autres pays. Une adhésion fournirait aux deux pays scandinaves une "assurance vie stratégique". Elle les placerait sous la protection de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. Une agression d’un Etat membre de l’Otan est considérée comme une agression contre tous.

Le blocage turque démantelé

C’était sans compter sur le véto de la Turquie. Elle accuse la Suède et la Finlande d’abriter des terroristes liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation politique armée kurde considérée comme terroriste par une grande partie de la communauté internationale. Dont la Turquie, la Suède et la Finlande.

Erdogan, le président turc, accuse les deux pays nordiques de protéger des militants du PKK, d’être des "auberges aux terroristes du PKK". La Suède et la Finlande sont en effet une terre d’accueil pour les kurdes qui ont fui les différents coups d’Etats de Turquie depuis les années 70. La Turquie reproche à la Suède et à la Finlande de ne pas approuver ses demandes d’extradition. Depuis 5 ans, aucune des 33 demandes n’a été acceptée. La Suède et la Finlande opèrent un embargo sur les ventes d’armes à la Turquie, depuis une opération militaire lancée contre les Kurdes en Syrie. Erdogan insistait alors : "Nous ne cèderons pas sur l'adhésion à l'Otan de ceux qui appliquent des sanctions envers la Turquie".

Finalement, hier soir, après plus de 3 heures de discussions, la Turquie a donné son accord à l’adhésion à l’Otan de la Suède et de la Finlande. Erdogan estime avoir obtenu "la pleine coopération". Les chefs de la diplomatie de la Turquie, Finlande et Suède ont signé un mémorandum d’accord, devant les caméras. Ce que salue Jens Stoltenberg : "Je suis ravi d'annoncer que nous avons un accord qui ouvre la voie à l'entrée de la Finlande et de la Suède dans l'Otan" et qui répond "aux inquiétudes de la Turquie sur les exportations d'armes et sur la lutte contre le terrorisme "

Un sommet crucial pour l'Otan

Les enjeux du sommet sont grands, selon Jens Stoltenberg : "Je pense que les alliés vont dire clairement qu'ils considèrent la Russie comme la menace la plus importante et la plus directe pour notre sécurité. " Il est question d’augmenter la Force de réaction de l’Otan, la faisant passer de 40.000 hommes à plus de 300.000. Les stratégies sont variées entre l’augmentation des capacités dissuasives souhaitées à l’est et la crainte d’une escalade par plusieurs pays.

Mais pour certains, comme le premier ministre belge Alexander De Croo, ce revirement de la Turquie constitue déjà une réussite. "Le fait que la Finlande et la Suède adhèrent à l'Otan rend l'Europe plus sûre et fait de l'Otan un partenaire plus robuste. Cela démontre l'unité dont l'Otan a fait preuve ces derniers mois".

Le processus sera long

De manière unanime, les pays de l’Otan ont donc décidé d’inviter la Finlande et la Suède à adhérer à l’alliance. Les protocoles d’adhésion seront signés. C’est ce qu’annonce les États membres dans une déclaration commune.

La ratification parlementaire des trente membres actuels est nécessaire pour faire entrer un nouveau membre. Le processus sera long mais aujourd’hui, l’accord semble prouver l’unité de l’Otan autour de l’adhésion de ces deux pays nordiques.

Le Kremlin a déjà prévenu qu’il riposterait. Il menace l’Otan d’un déploiement d’armes nucléaires dans son enclave de Kaliningrad ou en Biélorussie.

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