Belgique

Projet "Home" : le retour au Congo des dépouilles des ancêtres conservés en Belgique

 Le retour au Congo des dépouilles des ancêtres conservés en Belgique

© Getty Images

Par Françoise Berlaimont

Il existe en Belgique des restes humains , éparpillés dans différentes institutions scientifiques, dont l’Africa Museum, et des universités. Une plateforme d’associations et de militants anti coloniaux demande le rapatriement au Congo des dépouilles de victimes du colonialisme de l'Etat belge. Le projet "Home" a pour objectif de rendre la dignité à ces dépouilles.

Des animaux de laboratoire

"Certains de ces restes humains ont été appropriés à l’époque coloniale dans des circonstances très problématiques", expliquent les différents partenaires de la plateforme. Il n’existe actuellement aucun inventaire complet de ces collections. Il n’existe pas non plus de politique ou de meilleures pratiques sur la manière de gérer les collections de restes humains, sur ce qu’il faut faire en cas de demande de rapatriement ou même sur la manière d’envisager le statut de ces restes. 

"Ces dépouilles", précise Isabelle Minnon, juriste et militante Intal, "sont celles de personnes massacrées et déportées par les autorités coloniales belges. Certaines ont été décapitées lors de combats les opposant aux colons, d'autres sont celles de personnes mortes de faim ou de maladie après avoir été forcées de venir en Belgique pour être exposées comme des animaux. Ces victimes ont été découpées et étudiées comme des animaux de laboratoire, sous prétexte d'analyses scientifiques". 

"L'objectif ultime est que ces dépouilles soient rapatriées au Congo et que leurs âmes puissent enfin reposer en paix", explique Isabelle Minnon, au nom des militants décoloniaux. Ils demandent que "justice soit faite pour ces ancêtres et que leur dignité soit restaurée".

Le projet "Home"

Avant ce rapatriement, le projet "Home" a pour objectif d’évaluer, à partir des collections et des archives associées, le contexte historique, scientifique, juridique et éthique des restes humains existant en Belgique, grâce à une expertise multidisciplinaire. Physiciens, anthropologues, historiens, généticiens, archéologues, informaticiens, juristes sont amenés à intervenir. 

Des spécialistes du droit analysent les aspects juridiques, tels que le statut actuel des restes humains dans les collections publiques et privées, le contexte juridique de la colonisation, et la protection des données personnelles en cas de demande de rapatriement. Ils donneront également un aperçu du cadre juridique existant en Belgique, détecteront les principales lacunes et formuleront des suggestions pour permettre et faciliter le rapatriement des restes humains.

Le projet HOME se fera en dialogue avec toutes les parties prenantes, y compris les membres de la famille et les experts des pays d’origine, mais aussi en travaillant avec différentes institutions et organisations gouvernementales. Les résultats du projet HOME permettront de réaliser une évaluation multidisciplinaire des collections de restes humains en Belgique. 

Des artistes à la rescousse de la mémoire

Dans le cadre de ce projet, l’Africa Museum s’est associé à deux collectifs culturels présents au Congo : l'un, à Lubumbashi, "Waza", et l'autre à Kinshasa, "Faire Part".  Leur mission était d’interviewer des Congolais pour qu'ils donnent leur avis à propos de la présence de ces restes humains en Belgique. 

Patrick Mude-Kewe-Za travaille pour le centre d’art Waza à Lubumbashi. Il résume le ressenti de beaucoup de Congolais interviewés là- bas à ce sujet : "Très peu de gens au Congo connaissaient la présence de ces restes humains en Belgique et ils sont d'abord très choqués. Ensuite, ils souhaitent qu'une discussion s'ouvre sur le futur de ces dépouilles et qu'une décision soit prise en concertation avec la partie congolaise".

En 1897, à la demande de Leopold II, 267 Congolais ont été importés du Congo pour les mettre dans des zoos humains. François Makonga, guide à l'Africa Museum de Tervueren, rappelle "qu'ils étaient censés représenter la preuve de la sauvagerie intrinsèque des Noirs". Sept d'entre eux sont morts et sont enterrés à Tervuren. 

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