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Prolongation de deux réacteurs : il va falloir négocier avec Engie/Electrabel

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Par Jean-François Noulet, avec L. Dendoven

Le gouvernement fédéral a décidé de prolonger les réacteurs Doel 4 et Tihange 3 au-delà de 2025. I l reste à présent à convaincre Engie-Electrabel de réaliser les investissements nécessaires à cette prolongation, alors que la direction d’Electrabel avait fait savoir, à la fin de l’année 2021, qu’il était trop tard pour prendre une telle décision.

Engie-Electrabel avertit déjà de l’ampleur de la tâche

Le gouvernement a donc décidé qu’on ne rayerait pas de la carte tous réacteurs nucléaires belges dès 2025. Tihange 3 et Doel 4 sont prolongés de 10 ans. Mais qu’en pense Engie- Electrabel ? Du côté de l’opérateur des centrales nucléaires, on annonce la couleur, cela sera compliqué. "Un projet d’une telle ampleur s’accompagne de contraintes, de sûretés, de régulations, de mises en œuvre. L’éventuelle prolongation aurait lieu en même temps qu’un projet tout aussi important que celui du démantèlement des autres unités", réagit Anne-Sophie Hugé, la porte-parole d’Electrabel-Engie.

Prolonger deux réacteurs et en démanteler d’autres en même temps : un défi relevable ?

Pour certains observateurs, ce n’est pas vraiment un problème. C’est le cas de Damien Ernst, spécialiste de l’énergie et de la transition énergétique, professeur à l’ULG. Pour lui, prolonger des réacteurs et en démanteler d’autres sur un même site, comme cela sera le cas à Tihange et Doel, n’est pas forcément insurmontable. "Cela rend peut-être le chantier un rien plus complexe, mais il ne faut quand même pas exagérer. Cela me semble être une difficulté mineure et je suis persuadé qu’Engie a la capacité technique pour gérer cela", explique Damien Ernst.

Qui payera la facture du démantèlement et de la prolongation de deux réacteurs ?

Il faudra mener de front les chantiers de démantèlement de deux réacteurs à Tihange et de trois unités à Doel et des travaux de mise en conformité d’un réacteur à Doel (Doel 4) et d’un autre à Tihange (Tihange 3).

Le coût des travaux de mise en conformité est estime à 1 milliard d’euros.

Du côté d’Ecolo, le co-président Jean-Marc Nollet posait jeudi comme condition à la prolongation de deux réacteurs qu’Engie-Electrabel assume seul le coût du démantèlement des réacteurs et celui du traitement des déchets nucléaires.

Actuellement, les centrales nucléaires rapportent beaucoup au prix actuel de l’électricité sur le marché qui est de 240 euros du MW/H, alors que le coût estimé de production de l’électricité nucléaire est 40 euros du Mwh. Certains estiment dont à 9,6 milliards le bénéfice engrangé par Engie.

A cela Engie apporte des nuances. "Il y a certains bénéfices", reconnaît Anne-Sophie Hugé, la porte-parole d’Engie-Electrabel. "Mais il faut regarder la situation sur une durée plus longue que quelques mois", ajoute-t-elle. "Et dans les années précédentes, les centrales ont accusé des pertes importantes dans un tout autre contexte de marchés", poursuit la porte-parole. Et, ajoute-t-elle, "les résultats sont dûment taxés en Belgique".

Tout cela laisse présager d’âpres discussions entre la direction d’Engie-Electrabel et le gouvernement fédéral. La ministre de l’Energie et le Premier ministre sont mandatés pour négocier avec l’électricien. Pas sûr qu’ils soient en position de force.

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