Trois petits jours supplémentaires durant les vacances d’automne. C’est ce qui a été décidé pour toutes les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette mesure vise à enrayer la propagation du coronavirus en maintenant les élèves à la maison. Pourtant c’est bien trop peu selon un économiste belge. Il estime que "pour sauver le mois de décembre", ce sont des vacances de trois semaines qui doivent être mises en place.
Le congé de Toussaint, initialement prévu du 2 au 6 novembre, s’étendra finalement jusqu’au 11. Dès le 12 novembre, nos joyeuses têtes blondes seront donc de retour, cartables au dos, sur les chemins de l’école. Cette décision est la conséquence de la multiplication de cas dans les écoles, avec un nombre grandissant de membres du personnel touchés par le coronavirus.
Eric Dor est directeur des études économiques et professeur à l’IESEG School of Management de Paris et Lille. Il estime qu’il y a "de bonnes raisons sanitaires pour allonger les vacances" mais il estime qu'il y a aussi raison des raisons économiques qui y sont liées: il est nécessaire d’endiguer rapidement la dégradation de la situation sanitaire, sinon ce serait le mois de décembre de tous les Belges qui pourrait être mis en sursis.
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"On n’aura pas d’autre choix qu’un confinement total du style de celui qu’on a connu au printemps, qui à ce moment-là s’étendrait évidemment jusqu’au mois de décembre", prévient l’économiste. Il alerte qu’un confinement en décembre serait dommageable pour le commerce qui profite beaucoup de cette période pour booster les ventes. "Le mois de décembre est un mois particulièrement important pour le chiffre d’affaires du commerce, par exemple, ou de la restauration, des secteurs qui ont été tellement éprouvés", souligne-t-il.
Pour ce spécialiste, maintenir l’économie est capital pour que les soins de santé puissent continuer de fonctionner. "Il est indispensable que l’économie fonctionne pour générer les recettes fiscales qui permettent de financer les soins de santé ; toute la sécurité sociale, les retraites, les allocations de chômage et les allocations de handicapés", assure Eric Dor.
Trois semaines "pour calmer le jeu"
Alors de combien de temps l’interruption des cours doit-elle être prolongée si les trois jours supplémentaires ne sont pas nécessaires ? Eric Dor penche pour trois semaines complètes. "C’est vraiment indispensable de prendre une respiration idéalement trois semaines pour calmer le jeu et repartir sur de bonnes bases ensuite", martèle-t-il.
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Facile à dire mais dans la pratique, l’économiste a aussi ses solutions puisque qui dit vacances prolongées dit nécessité pour les parents de s’arranger pour garder leurs enfants.
D’abord, il estime qu’une part minoritaire des enfants pourraient être de retour sur les bancs de l’école durant les deux semaines de prolongement. "En faisant en sorte que les écoles maintiennent de toute manière une ouverture aux enfants que les parents sont obligés de venir mettre à l’école parce qu’il n’y a pas d’autre solution pour eux", propose-t-il. Il espère aussi que les autres parents puissent compter sur la solidarité : "Il y a beaucoup de personnes qui sont prêtes à agir comme bénévoles pour aider les personnes qui en ont besoin et en particulier des élèves qui auraient besoin d’être encadrés."
Pour lui, le système actuel de fermeture des écoles "au cas par cas" risque d’être "insuffisant". "Le danger d’une politique du cas par cas, c’est que ça risque d’être remplacé par un confinement qui s’étendrait également à la sphère professionnelle, etc. L’avantage d’une fermeture généralisée des écoles et d’un recours massif au télétravail, c’est que ça permettrait d’avoir beaucoup moins de gens dans les transports en commun pendant un certain temps – parce que ça aussi, c’est un facteur de propagation de la crise sanitaire", conclut-il.