Les feuilles mortes craquent sous nos pas et ce bruit, mêlé à ceux des oiseaux et à une faible circulation automobile encore proche, nous conduit à une futaie de hêtres. Tantôt ces arbres se dressent très haut jusqu’à la lumière comme dans une cathédrale, tantôt de jeunes pousses de hêtres de plusieurs dizaines de centimètres à peine forment un tapis au pied des arbres plus âgés.
"Le travail du forestier, c’est d’oser la lumière", souffle Mathieu Jonard. Oser et doser la lumière pour permettre aux essences comme les hêtres et les chênes de se régénérer. La lumière est en effet indispensable à la régénération de la forêt mais cette dernière est parfois tellement épaisse qu’il faut lui donner un coup de main. Des arbres sont coupés, de-ci, de-là, pour que la lumière puisse pénétrer dans le bois et permettre aux jeunes arbres de pousser. Les coupes ne sont pas réalisées n'importe comment mais suivent un plan bien établi.
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"Si l’on ne fait rien, la forêt risque de vieillir d’un coup et de s’effondrer. Or, il est bon de faire coexister des arbres de tous les âges pour développer la résilience de la forêt c’est-à-dire sa capacité à retrouver un équilibre après un événement exceptionnel", poursuit le professeur de la Faculté de bioingénieurs de l’UCLouvain. Des événements exceptionnels, toutes les forêts en vivent. Celle-ci n’échappe pas à la règle. Des épicéas ont ainsi été abattus parce qu’ils étaient infestés de scolytes, ces petits insectes qui se développent sous l'écorce des arbres.