Sciences et Techno

Proximus lance l’internet le plus rapide de Belgique via la fibre, mais en avez-vous vraiment besoin ?

© BELGA – ERIC LALMAND

Des débits jamais vus en Belgique, c’est ce que propose Proximus depuis ce lundi 20 février avec le lancement de son offre Ultra Fiber, multipliant jusqu’à dix fois le débit maximal déjà disponible via sa fibre. L’opérateur distance ainsi ses concurrents, Voo et Telenet, limités par leur technologie câblée.

L’offre n’est actuellement disponible que dans cinq grandes villes : Bruxelles, Liège, Namur, Gand et Anvers. Coût de l’option ? Pas moins de 30 euros par mois afin de profiter d’un débit de 8,5 Gbps en téléchargement (download) et 1 Gbps en envoi (upload). À ce tarif déjà important, il faut ajouter 12 euros pour l’option Fiber Gigabit, qui est l’intermédiaire entre l’offre de base et le débit premium d’Ultra Fiber. Au total, il vous faudra donc débourser 42 euros par mois afin de profiter du nouveau produit de Proximus.

Mais est-ce qu’un consommateur a réellement besoin de tels débits qui justifieraient un tel coût ?

Loading...

Proximus prend les devants

Pour tout dire, c’est une première pour l’opérateur historique qui a longtemps dû composer avec une technologie vieillissante alors que ses concurrents, Telenet et Voo, bénéficient quant à eux d’une technologie permettant des débits supérieurs.

La majorité du réseau actuel de Proximus exploite la technologie xDSL, utilisant les bonnes vieilles lignes téléphoniques installées depuis des années. Elle est stable car chaque ligne connecte un client de façon indépendante mais la vitesse disponible dépend de la distance entre l’abonné et le point de raccordement. De plus, le débit maximal sur ce genre de ligne se limite à 100 Mbps en Belgique, via la technologie VDSL2.

Le câble, utilisé par Voo et Telenet, permet des débits bien plus importants (jusqu’à 1 Gbps) et sur de longue distance. Il n’est donc pas étonnant que l’opérateur wallon soit depuis longtemps sacré comme le fournisseur le plus rapide dans le sud du pays.

Seulement, les choses changent et Proximus construit depuis quelques années un tout nouveau réseau FTTH (Fiber to the Home), constitué à 100% de fibre optique, destiné à remplacer son réseau actuel. Celui-ci permet des débits bien plus importants comme le prouve sa nouvelle option. Mais le plus gros avantage est à trouver du côté de l’envoi, qui est 20 fois supérieur au meilleur que peu proposer Voo grâce à son câble qui plafonne à 50 Mbps alors que Telenet, pour les clients résidentiels, propose au maximum 40 Mbps.

Vraiment utile ?

Maintenant que le voile est levé sur le fonctionnement de chaque réseau et que la position inédite dans laquelle se trouve Proximus a été expliquée, il est temps de se demander si Ultra Fiber est utile pour le consommateur moyen.

En réalité, pas vraiment. Par exemple, selon la Commission fédérale des communications américaine ou FCC, le streaming vidéo en définition standard consomme, en moyenne, 3 à 4 Mbps de la bande passante de votre connexion internet. En HD, le débit nécessaire monte à 5 à 8 Mbps. Et même en 4K, la définition la plus élevée généralement disponible sur les plateformes, les besoins nécessaires montent seulement jusqu’à 25 Mbps.

Cela veut dire que même avec du contenu en 4K, vous auriez besoin de regarder, simultanément, plus de quatre flux vidéos afin de saturer une connexion plafonnant à 100 Mbps. Avec Ultra Fiber, il est question de 8500 Mbps (8,5 Gbps) …

En bref, quand on considère les usages classiques d’internet du consommateur moyen, rien ne justifie un tel investissement.

De plus, afin de profiter des débits proposés par la nouvelle offre de Proximus, il faut être bien équipé. L’opérateur fournit avec Ultra Fiber un nouveau modem nommé Internet Box +, équipé d’un port Ethernet 10 gigabits, capable de déployer tout le potentiel de la fibre.

Le problème est que même si l’opérateur met à disposition une box compatible, le client doit, de son côté, disposer du réseau domestique et des appareils capables de gérer de tels débits. Toutefois, ces derniers sont encore rares et les composants, comme les cartes réseaux, restent chers.

Du côté du Wi-Fi, il n’est tout simplement pas possible d’atteindre les débits promis malgré la nouvelle norme Wi-Fi 6 embarquée par l’Internet Box +. Ceci n’est pas étonnant car quand il est question de débits dépassant le gigabit, la méthode de connexion à privilégier est le filaire.

Oui, dans certains cas

Évidemment, tout cela ne veut pas dire que l’offre Ultra Fiber est inutile, loin de là. Les clients très exigeants, prêts à mettre le prix, trouveront leur compte avec des débits vraiment hors norme, surtout du côté de l’envoi, qui est bien supérieur à toutes les autres offres sur le marché.

Cette offre est également particulièrement adaptée aux besoins des clients indépendants ou business. En effet, un seul accès Ultra Fiber serait suffisant pour connecter, par exemple, plusieurs ordinateurs, la connexion Wi-Fi d’une salle d’attente, des serveurs fonctionnant sur le cloud, …

En outre, il ne faut pas oublier le profil des aficionados de technologie, désirant le meilleur même s’ils n’en ont pas réellement le besoin.

Selon Jean-Philippe Ducart, porte-parole de Test-Achats, "tout dépend de ce que l’on veut faire et du profil du consommateur ou du ménage". Il faut donc bien évaluer ses besoins et ne pas hésiter à comparer les offres, notamment via le comparateur en ligne de l’organisation de consommateurs.

Une disponibilité limitée

La nouvelle offre de Proximus vous intéresse ? Le hic, c’est qu’en plus de n’être disponible que dans cinq villes du pays, la couverture actuelle de la fibre tout court reste assez limitée avec 21% de foyers et des entreprises belges qui sont raccordables.

Dans le même temps, Telenet, qui a bouclé depuis 2019 la mise à niveau de son réseau vers le gigabit, est en mesure de proposer ce débit à 99,5% de ses clients. En juillet 2022, l’opérateur flamand a annoncé la construction de son propre réseau FTTH, similaire à celui de Proximus. Néanmoins, les ambitions de l’opérateur au sourire jaune sont bien moindres quand on sait qu’il prévoit "de couvrir 78% de la Flandre en FTTH d’ici 2038".

En ce qui concerne Voo, le retard est plus important. À cette date, l’opérateur wallon a fait passer 25% de son réseau au gigabit mais n’a pas (encore) de plan pour un réseau 100% fibre optique.

Inscrivez-vous à la newsletter Tendance

Mode, beauté, recettes, trucs et astuces au menu de la newsletter hebdomadaire du site Tendance de la RTBF.

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous