"Gargamel" et "Gordon Goner" : jusqu'à ce que le site d'informations américain Buzzfeed dévoile leurs véritables noms début février, deux des fondateurs des "Bored Apes" n'étaient connus que sous ces pseudonymes. A leur actif, la vente d'images de singes sous forme de NFT, ces objets virtuels dont la valeur réside dans le certificat d'authenticité qui les accompagne et les rend uniques. Leur start-up Yuga Labs les commercialise à un prix unitaire pouvant dépasser 280.000 dollars à des célébrités comme Neymar ou des marques comme Adidas.
Sur Twitter, des membres intéressés par la cryptomonnaie, habitués à préserver leur anonymat, ont dénoncé les informations de Buzzfeed, s'insurgeant contre une divulgation forcée de données personnelles, aussi appelée "doxxing" en anglais.
"Pseudonyme n'est pas égal à anonyme", tempère Alexandre Stachtenko, expert en cryptomonnaies pour le cabinet KPMG. "Généralement, un pseudonyme implique que si vous mettez les moyens, vous arriverez à trouver qui il y a derrière mais que, pour le grand public, c'est un peu inaccessible."
Car si les acquéreurs de ces images ignorent qui ils financent, Yuga Labs fonctionne comme une société tout ce qu'il y a de plus classique, soumise au droit américain. Pour révéler l'identité de ses dirigeants, il suffisait d'accéder à des archives publiques.
En revanche, d'autres types de structures permettent un anonymat total, à l'image des organisations autonomes décentralisées ("DAO"). Ces structures sont contrôlées par des actionnaires anonymes qui détiennent un bout de l'entreprise enregistrée sur la blockchain ("chaîne de blocs"), à la manière d'une action en Bourse.