Comment cette crise du Covid a-t-elle affecté ta façon d’aborder la composition ?
Jack : C’était une période très étrange. J’ai pris du poid (rires). Quand je suis rentré de tournée au début de l’année 2020, j’étais à nouveau une sorte de touriste dans ma propre ville. Je n’avais pas vu certains de mes amis depuis un an et demi. Il y avait beaucoup de choses à découvrir : des festivals d’arts de rue, des bars pop-up, de nouveaux groupes qui s’étaient formés entre-temps. J’ai connu une période très agréable jusqu’à ce que le Covid se ramène. Et puis, évidemment, tout s’est arrêté d’un coup.
Il y a eu quelques semaines où tout le monde était un peu confus. "Est-ce que ça va durer comme ça longtemps ?" J’étais toujours dans ce genre de routine où je me réveillais… pour aller au magasin de spiritueux (rires). J’étais encore un peu bourdonnant de la tournée. Quand vous êtes en tournée, vous avez cette adrénaline qui vous fait tenir le coup. Je voulais vraiment que cela se ressente dans notre nouveau disque.
Il faut vraiment que j’adopte une meilleure routine, que j’aille nager et visiter l’Australie plutôt que d’hiberner dans ma chambre avec ma guitare, mon ordinateur et une bière à la main (rires). Je pense que je n’aurais pas écrit cet album si je n’avais pas vécu de cette manière pendant quelques mois. L’album a ce petit côté festif. Je pense que le monde en avait besoin.
Depuis la sortie de votre premier album en 2016 vous n’avez pas arrêté et enchaîné les tournées. Était-ce le bon moment pour faire une pause ?
Jack : Honnêtement, le confinement m’a fait du bien. Quand nous sommes en tournée, la vie est tellement intense. On se retrouve arraché de notre quotidien tranquille et jeté dans une vie qui va à 200 à l’heure. A vrai dire, je pense qu’aucun d’entre nous n’était réellement préparé à la vie de tournée. La première fois qu’on est parti à l’étranger, on s’est dit qu’on allait en profiter un max. On pensait vraiment qu’on n’aurait jamais plus l’occasion de vivre ça ! On se disait "Profitons-en, faisons la fête, buvons des verres avec les gens du coin et réveillons-nous encore bourrés le lendemain avant de reprendre la route" (rires). Jusqu’à ce qu’on rentre chez nous, après de longs mois à l’étranger, et qu’on s’affale sur nos lits pendant un bon mois (rires).
Lors de la dernière tournée on s’est rendu compte que c’était devenu un vrai boulot maintenant. Enfin non, pas vraiment un boulot, on ne voit pas ça comme un vrai travail (rires). Disons qu’on a voulu devenir plus professionnels.
Personnellement, le confinement m’a fait beaucoup de bien. C’était comme des vacances assez étranges. Revenir à la maison et prendre le temps pour réfléchir, écrire et se sentir à nouveau musicien, c’était vraiment agréable. Je pense que cela m’a permis de recharger mes batteries et de me fixer de nouveaux objectifs. Sans le Covid, nous aurions été comme des rats dans une machine à laver. Cette pause forcée est tombée au bon moment.
J’espère que lorsque nous recommencerons à tourner, nous nous sentirons un peu plus matures. J’ai hâte de ne prendre qu’une tasse de thé avant de jouer et de me dire "C’est parti, on est prêts" (rires).