Les compléments de pensions de certains anciens présidents et hauts fonctionnaires de la Chambre continuent de susciter la polémique. Certains envisagent une commission d’enquête. Le PTB, lui, engrange les dividendes de ces pratiques.
Sur un petit nuage
Le PTB est sur un petit nuage. Chaque semaine, une nouvelle révélation vient nourrir le récit dans lequel les communistes investissent depuis 2008. C’est en effet lors du "congrès du renouveau" en 2008 que les maoïstes ont recentré leur marxisme pontifiant, plein de concepts hérités de l’ancien président Ludo Martens, en un récit simple : le système politique est un système de profiteurs, les élites sont coupées des gens, la démocratie actuelle est un cirque, les politiciens sont des privilégiés.
Le PTB a donc décidé d’une stratégie pour profiter et approfondir la crise de la représentation qui frappe la démocratie belge comme d’autres. Cette stratégie passe entre autres par une posture de moine-soldat.
Moine-soldat
Les élus PTB se font payer au salaire médian, un peu plus de 2000 euros net. Les députés rétrocèdent plus de deux tiers de leur salaire au parti. Censé éviter la déconnexion avec la réalité, ce salaire raboté est aussi un totem d’immunité pour les moines-soldats. Ils peuvent se présenter comme des incorruptibles lancés à l’assaut d’un Parlement de profiteurs. La nuance n’est pas de mise. Le dernier communiqué du parti affiche un titre radical : "Stop aux privilèges des politiciens profiteurs."
Dernier avantage de cette posture de moine-soldat, elle permet une rentrée d’argent importante pour le parti. Il peut consacrer ces sommes par exemple à de la publicité sur Facebook pour dénoncer les abus du système et renforcer leur narratif.
Populisme de gauche
Ce récit qu’on peut qualifier de populisme de gauche (opposition binaire entre les élites et le peuple), on le doit surtout à Peter Mertens, l’ex-président du PTB. C’est lui qui donne l’impulsion. Plutôt que bourgeois et prolétaires, le PTB oppose profiteurs et travailleurs. Le manichéisme, le campisme, est toujours là mais il a changé d’expression.
Peter Mertens a couché cette évolution dans un livre en 2016 : "Graailand, Het leven boven onze stand". Le PTB l’a traduit en Français : "Au pays des profiteurs, une vie au-dessus de nos moyens". Mais la traduction "pays des profiteurs" rend assez mal l’expression "graailand" qui se rapproche de "pays des vautours". L’idée est résumée en quatrième de couverture : L’élite accapare, accumule et profite comme jamais auparavant. Des politiciens surpayés ouvrent largement les portes entre le monde politique et le monde des affaires.
Raoul Hedebouw qui a succédé à Peter Mertens, a d’ailleurs utilisé cette expression dimanche face à Peter de Roover, le chef de groupe N-VA sur le plateau de la VRT. Il dénonçait le fait que l’ancien président de la Chambre, Siegfried Bracke, bénéficie de ces fameux compléments, mais ne s’est même pas encore exprimé.