A chaque semaine sa pénurie. Après les jouets, les meubles Ikea ou encore le papier, ce sont les articles de puériculture qui viennent désormais à manquer. Une pénurie de plus, liée à des problèmes d’approvisionnement. Mais finalement, qu’est-ce qui explique ces phénomènes ? Et est-il possible d’en dresser une liste ?
Avant de produire une liste non exhaustive, commençons par comprendre l’origine du phénomène.
Comme l’explique Bruno Colmant, chargé de cours invité à la Louvain School Management de l’UCLouvain, une pénurie, c’est simplement la raréfaction d’un bien. "C’est un excès de demande par rapport à l’offre."
Le redémarrage a été extrêmement fort et trop rapide
Cette hausse de la demande, nous la devons à la crise sanitaire. "Il y a eu un arrêt de l’économie à cause du coronavirus. Et à cause de tous les plans de relance, le redémarrage a été extrêmement fort et trop rapide", explique Bruno Colmant. Résultat : les chaînes d’approvisionnement, rouillées pendant longtemps, ont été perturbées par ce "tsunami de consommation".
Se greffe à cela la hausse des prix des transports depuis l’Asie, la pandémie qui sévit encore dans certains pays, le manque de main-d’œuvre, ainsi que les problèmes d’énergie.
Quid des matières premières ?
Mais il n’est donc pas question de raréfaction de matières premières. "C’est une raréfaction de démantèlement des chaînes d’agrégation de ces matières premières."
Comme le rappelle Bruno Colmant, la mondialisation est d’une complexité telle qu’une brosse à dents nécessite des pièces provenant d’une quinzaine de pays.
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"On ne s’était pas rendu compte qu’il y avait une toile de microcircuits et de grands circuits et qu’en fait tout tenait bien, parce que tout était fluide. Parce que rien ne s’arrêtait", explique-t-il. "Mais la moindre perturbation a des effets en cascade qui s’auto-amplifient eux-mêmes."
Et bien entendu, ces pénuries ne sont pas sans conséquences sur les prix. "Quand il y a une demande excessive par rapport à l’offre, les prix montent. C’est l’inflation."
Pénurie de quoi ?
Voici une liste non exhaustive des récentes pénuries. Bien entendu, toutes ces tendances sont mouvantes et circonstancielles.
- Le bois : la demande en bois s’est envolée cet été. Un phénomène qui concerne la construction, l’ameublement, mais aussi le chauffage.
- Les puces électroniques : cette pénurie de puces électroniques a non seulement des conséquences dans l’industrie électronique (télévisions, ordinateurs, consoles, brosses à dents, etc.), mais aussi dans le secteur automobile.
- Le papier : le bois et les déchets de scieries nécessaires à la fabrication de la pâte à papier sont fortement demandés. Tout comme les vieux papiers qui servent à produire du papier recyclé ainsi que du carton.
- Le gaz et l’électricité : personne n’a pu passer à côté, les prix de l’énergie ont augmenté. Si la pénurie semble peu probable, une partie du phénomène à l’œuvre est similaire : un excès de demande par rapport à l’offre.
- L’acier : vu l’explosion de la demande, le prix de l’acier a dernièrement décollé. D’après Le Monde, il serait passé de 500 euros la tonne avant la pandémie, à près de 1900 euros.
- Le plastique : tout comme l’acier, la demande en plastique connaît un rebond postpandémie.
- Le textile : les problèmes d’approvisionnement de textile sont quelque peu différents, puisqu’ils sont davantage liés à la crise sanitaire. La pandémie paralyse encore certains pays producteurs. C’est le cas dans le sud du Vietnam, où 80% des usines de Nike ont dû fermer.
- L’alimentation : le prix de certains aliments augmente également. C’est le cas du blé et de l’huile de palme, "sous l’effet d’un resserrement de l’offre et d’une forte demande" explique l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Bien entendu, nombreux sont les secteurs qui souffrent d’un manque de plusieurs matières premières. C’est le cas des vélos, des jouets ou encore des fameux articles de puériculture mentionnés au début de l’article.