A portée de mots

Pupetta et Maradona, les héros tragiques napolitains de Philippe Vilain

© Francesco Pecoraro/Getty Images

Ecrivain, essayiste, docteur en Lettres Modernes, explorateur du mystère du sentiment amoureux, Philippe Vilain questionne aussi la littérature contemporaine, et notamment le genre auto-fictif.

Il est l’auteur de nombreux romans, comme Paris l’après-midi (Grasset, 2005, prix François-Mauriac), Pas son genre (Grasset, 2011, adapté au cinéma), La Femme infidèle (Grasset, 2013, prix Jean-Freustié) et Un matin d’hiver (Grasset, 2020), ainsi que d’essais remarqués. Il dirige la collection "Narratori francesi contemporanei" aux éditions Gremese à Rome.

Au micro d'Axelle Thiry, il revient sur ses deux derniers écrits, un roman et un essai, deux tragédies du réel : La Malédiction de la Madone (Robert Laffont) et Maradona (Les Pérégrines).

A portée de mots

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La Malédiction de la Madone

La Malédiction de la Madone relate une histoire vraie, celle du destin hors du commun d'une femme "libre, courageuse et singulière", sous le soleil napolitain des années 50.

Cette femme singulière, c'est Assunta Maresca, surnommée Pupetta, qui a tout de l'héroïne des tragédies grecques. A 19 ans, cette fille de mafieux devient Miss beauté d'une ville de banlieue. Pupetta tombe alors amoureuse d'un boss de la Camorra, et on plonge dans l'univers impitoyable d'une mafia napolitaine sans foi ni loi. 

Pupetta va se venger de cet amour, et commettre un crime d'honneur. Car, face à une police corrompue, elle écoute son cœur et se fait justice, au prix de sa liberté. 

Mais Pupetta ne se venge pas pour elle-même, et c'est là toute la puissance romanesque de cet acte, elle le fait pour un nom, pour l'honneur de sa famille. C'est une idéaliste.

Comme dans un drame Shakespearien, les origines familiales de Pupetta l'enferment immuablement dans un destin tragique, sans échappatoire possible. Un fatum romanesque, qui a traversé une existence pourtant bien réelle.

Pupetta est une femme indignée par les ordres du patriarcat. 

Rester une femme tout en échappant au déterminisme de sa condition, c'est peut-être le destin de cette héroïne qui évolue dans une Naples "horriblement merveilleuse": une ville oxymorique aussi belle et tragique que Pupetta.

Maradona

Ce que j'aime chez Maradona, c'est ce que j'aime chez Pupetta, il est comme Pupetta la transcendance même.

Comme Pupetta, il est de ces vaincus qui construisent eux-mêmes leur destin. Maradona est bien plus qu'un footballeur hors paire, c'est l'homme de l'émotion et de la passion.

La Passion du Christ d'abord, car Philippe Vilain compare la vie du footballeur de confession catholique à un chemin de croix, jusqu'à sa crucifixion. Une vie qui sublime la souffrance en quelque sorte. 

Une passion sociale aussi, en donnant de ce sublime au peuple, notamment dans sa ville de coeur, Naples. Comme Prométhée, il vole le feu sacré de l'olympe pour le donner aux humains. C'est un passeur entre deux mondes. On le surnommait d'ailleurs le "Dieu terrestre". 

Maradona, c'est aussi le plus grand poète que Vilain n'ait jamais lu. Comme un poète maudit qui a son propre langage. Le poète aussi est un passeur de feu, nous dit Rimbaud. Ce feu, c'est ici "la geste maradonienne".

Programmation musicale, signée Philippe Vilain :

- Canto delle lavandaie del Vomero. Letizia Calandra.

Mario MEROLA - Lege d'onore.

Nino D'ANGELO - Campio'.

Pupetta MARESCA - O bene mio.

MARADONA - Maradona en musique.

Manu CHAO - La vida Tombola.

Production et présentation : Axelle THIRY

Réalisation : Thierry LEQUEUX

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