Les réformes nécessaires pour améliorer la transparence et l'arsenal d'outils pour tenter d'éviter l'ingérence et la corruption au Parlement européen ont fait débat mardi après-midi lors de la plénière à Strasbourg. Si presque chaque groupe salue la réaction de la présidente de l'assemblée Roberta Metsola, qui a promis de prendre les choses à bras le corps, plusieurs bords politiques appellent à davantage d'ambition.
Prenant la parole dans l'hémicycle, la commissaire européenne Ylva Johansson a promis une proposition de "paquet corruption" pour avril prochain. "Je proposerai une nouvelle législation pour 'criminaliser' toutes les formes de corruption, avec des définitions unifiées des délits et des sanctions harmonisées à travers l'UE", indique la Suédoise. "Nous allons aussi nous pencher sur la possibilité de renforcer les capacités des forces de l'ordre et des autorités judiciaires à investiguer et poursuivre les délits de corruption".
La Commission est également attendue sur la création d'un comité d'éthique inter-institutionnel. Il devrait être "capable de contrôler l'application des obligations liées au registre de transparence", souligne mardi Stéphane Séjourné, président de Renew.
Pris dans la tourmente de l'enquête belge sur des faits présumés de corruption de la part d'un État tiers (Qatar et Maroc sont le plus souvent cités), le Parlement européen souhaite profiter du momentum pour réformer les règles de transparence autour des réunions des députés, des lobbyistes autorisés à rentrer dans ses bâtiments, des contrôles, etc.
Les propositions de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, résumées en une liste de 14 "objectifs", ont été accueillies positivement la semaine dernière par les présidents de tous les groupes politiques.
La gestion des ONG
PPE, S&D, Renew et Verts/ALE, les plus gros groupes de l'assemblée, soulignent volontiers qu'il s'agit selon eux d'un "bon point de départ", une "bonne base de discussion" selon les mots du président du PPE Manfred Weber. Pour son groupe, il faudrait porter une attention particulière à la gestion des ONG.
On sait que l'ex-eurodéputé Pier Antonio Panzeri, l'un des suspects en détention préventive, a été fort actif autour du Parlement européen via son ONG Fight Impunity, qui n'était pourtant pas enregistrée au "Registre de transparence". "Dans le domaine des ONG, on a 99% d'organisations de la société civile qui font du bon boulot, c'est certain. Mais on a visiblement un problème de transparence pour le pourcent restant", indiquait Manfred Weber en conférence de presse mardi.
Les S&D, groupe de centre gauche touché de plein fouet par les accusations, ont déjà indiqué que, pour eux, la déclaration d'intention de Metsola ne va pas assez loin. La présidente de groupe, Iratxe García Pérez, a insisté mardi face à la presse sur la nécessité de créer une commission spéciale, qui serait chargée d'évaluer les règles existantes et de faire des recommandations.
C'est un élément qui ne se trouve pas dans les propositions de Metsola, et qui est également demandé par les Verts/ALE, le groupe des écologistes et régionalistes. Tout en plaidant pour un renforcement du registre de transparence (en y incluant par exemple les représentants d'États tiers), les Verts souhaitent que l'on réfléchisse à des exceptions aux obligations de déclarer les réunions, pour éviter de mettre en péril des défenseurs des droits de l'homme, par exemple.