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Qatargate : "Il faut profiter du choc qu’a causé le scandale de corruption pour ancrer des réformes dans la réalité", insiste l’eurodéputé Philippe Lamberts

Après la découverte de délits présumés de corruption au sein du Parlement européen, la procédure de levée de l’immunité parlementaire du Belge Marc Tarabella et de l’Italien Andrea Cozzolino, du groupe des socialistes et démocrates (S&D), tous deux soupçonnés d’être impliqués dans le scandale, est lancée ce 16 janvier.

Une procédure qui risque de s’inscrire dans le temps puisqu’elle "exige un débat contradictoire", souligne l’eurodéputé Philippe Lamberts au micro de Thomas Gadisseux sur Matin Première.

Pour autant, ce dernier estime que le débat devrait être "facilité par le fait que les deux intéressés sont d’accord avec la levée de leur immunité". S’il ne devrait donc pas y avoir de retard dans la procédure, le coprésident du groupe des Verts insiste : "il faut respecter l’État de droit. Nous sommes une institution législative, nous avons des procédures à suivre. Le but n’est pas de ralentir le travail de la justice, mais bien d’assurer que les droits de la défense sont respectés".

Un paquet de 14 mesures

En réponse à ce scandale, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola a présenté un paquet de 14 mesures lors de la conférence des présidents des groupes politiques. Peut-on dès lors s’attendre à de vrais changements ou s’agit-il simplement de pansements face à l’ampleur de la situation ?

Des réformes que le groupe des Verts se targue de demander depuis des années, mais "qui ont toujours été bloquées par les partis traditionnels, en particulier le PPE (Parti populaire européen, ndlr) auquel appartient Roberta Metsola". Toujours est-il que si ces propositions venaient à être adoptées, elles permettraient "un changement important dans le mode de fonctionnement du Parlement européen", d’après Philippe Lamberts, sans être "cosmiques" pour autant. Il s’agit avant tout de rappeler les règles qui existent, notamment l’obligation de déclarer les cadeaux reçus, "et un voyage tous frais payés est un cadeau".

"Le problème qu’on a, c’est que ces règles, on n’en vérifie pas l’exécution, et surtout lorsqu’elles sont enfreintes, ça n’entraîne pas vraiment de sanctions", relève le coprésident du groupe des Verts. D’où l’intérêt de renforcer la transparence tout en mettant en place de véritables sanctions, "avec un réel effet sur l’intéressé", en cas de non-respect des règles constaté. "C’est en cela que les réformes proposées constituent un véritable pas en avant."

À la présentation de celles-ci lors la conférence des présidents de la semaine dernière, "c’était l’unanimité en faveur, mais évidemment nous sommes encore sur le coup du scandale. Il faut espérer que l’attention de vous et de vos collègues se tournera vers d’autres sujets que cette belle unanimité soit maintenue et qu’en effet nous ancrions ces réformes dans la réalité. Autrement dit, il faut aller vite pour profiter du choc qu’a causé le scandale de corruption qui touche le Parlement européen", pointe l’eurodéputé.

Bruxelles, place mondiale du lobbying

Contrairement à l’idée reçue, le politique et en particulier le politique au niveau européen conserve énormément de pouvoir.

Capitale de l’Europe, Bruxelles est l’une des places mondiales du lobbying. Et heureusement, insiste Phillipe Lamberts. "Ça prouve bien que contrairement à l’idée reçue, le politique et en particulier le politique au niveau européen conserve énormément de pouvoir. Si nous n’avions pas de pouvoir, on n’essayerait pas de nous influencer. Donc c’est plutôt une bonne chose que des institutions démocratiques aient encore le pouvoir d’imposer leurs lois, par exemple à des grandes entreprises."

Le fait que des intérêts particuliers s’y défendent ne lui semble donc pas choquant. À condition que cela se passe en toute transparence. "Lorsque je pose un vote, ce vote est lisible, les gens peuvent voir ce que je vote. Ce qui serait intéressé est que les citoyens ou le représentant, c’est-à-dire des ONG, puissent savoir que quand Philippe Lamberts a déposé tel amendement sur la régulation financière, c’est un amendement qui a été écrit par l’ONG Finance Watch et je peux expliquer pourquoi je pense que cet amendement est un bon amendement", explique-t-il.

Et de conclure : "C’est le genre de pratiques qu’il faut rendre beaucoup plus transparentes de manière à forcer le député à assumer ses responsabilités politiques".

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