Les quelque 1200 vignobles uruguayens, pour la plupart de petites exploitations familiales, sont situés entre les 30e et 35e parallèles sud, à la même latitude que les grands producteurs de vin que sont le Chili, l'Argentine, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l'Australie. Tous se trouvent à quelques encablures du Rio de la Plata et bénéficient de la brise maritime tout au long de l'année. Selon M. Boido, c'est cette humidité qui rend les tanins du Tannat uruguayen "beaucoup plus délicats qu'ailleurs".
Pour Julia Harding, Master of wine à Londres, "ce qui caractérise le Tannat uruguayen, c'est sa fraîcheur due au climat".
Le Tannat est le cépage le plus répandu en Uruguay avec quelque 1575 hectares dédiés (2733 ha en France), loin devant le Merlot (619), le Cabernet sauvignon (337) ou le Cabernet franc (216) avec lesquels il est rarement assemblé, contrairement à ce qui se fait dans le Madiran, où le Cabernet franc apporte de la souplesse. Car en Uruguay, question de tradition, "le Tannat est principalement utilisé pour du monocépage", explique Eduardo Felix, conseiller technique de l'Institut viti-vinicole national (INAVI).
Si les exportations de vin pèsent peu par rapport au bœuf, au lait ou au soja, quelque 4,8 millions de bouteilles, principalement du Tannat, pour une valeur de 18,5 millions de dollars, ont été exportées en 2022, selon l'INAVI. Fier de son emblème qui le fait connaître au-delà des frontières, l'Uruguay dédit même une "Journée" au Tannat chaque 14 avril, jour du décès en 1894 du bienfaiteur Pascual Harriague.