Bzzzz… Le son agaçant du moustique n’est pas que sa seule tare : le moustique Aedes Aegypti, une espèce particulièrement agressive pour l’homme, transporte des maladies comme la dengue, le chikungunya, Zika ou la fièvre jaune. Pour lutter contre cette propagation, la Floride a relâché pour la première fois dans la nature 144.000 moustiques génétiquement modifiés. Comme le relate le journal Nature, ces moustiques sont tous des mâles, et donc, par définition, ils ne pourront pas piquer. L’étude se passe dans la région des Keys en Floride, une chaîne d’îles au sud du pays, envahie par ce type de moustiques, non seulement dans les marécages, mais aussi dans les zones urbaines.
Tueurs de descendance
C’est en mai 2020 que l’Agence américaine pour l’environnement a donné son autorisation à la société de biotechnologie américaine Oxitec, basée au Royaume Uni, à produire ces moustiques génétiquement modifiés. Leur nom : OX5034. Ils se reproduiront avec des moustiques femelles ordinaires, mais portent une protéine qui tuera toute sa progéniture femelle avant qu’elle n’atteigne l’âge adulte. Les femelles piqueuses disparaîtront donc, et les mâles transmettront leurs gènes.
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Lorsque ces moustiques génétiquement modifiés mâles s’accouplent avec des femelles sauvages, leur progéniture hérite en réalité d’une copie de ce gène, qui empêche les femelles de survivre jusqu’à l’âge adulte. Ces femelles ne parviennent pas à maturité pour se reproduire, ce qui revient à réduire la population de moustiques piqueurs. Par contre, la progéniture mâle survit, portant une copie du gène autolimitant ; à leur tour, ces mâles transmettent le gène autolimitant à la moitié mâle de leur progéniture, et ainsi de suite…
C’est parti
Les premiers moustiques mâles génétiquement modifiés devraient émerger dans les deux premières semaines de ce mois de mai. À la fin du mois d’avril, les chercheurs ont placé des boîtes contenant des œufs de moustiques d’Oxitec à six endroits dans trois zones des Keys. Environ 12.000 mâles sortiront des boîtes chaque semaine au cours des 12 prochaines semaines. Dans une deuxième phase, l’expérience sera amplifiée, et Oxitec annonce que près de 20 millions de moustiques émergeront sur une période de 16 semaines.
Les moustiques génétiquement modifiés portent un gène marqueur fluorescent, qui les fait briller quand ils sont exposés à une lumière spécifique. Cela facilite leur identification, et le suivi de l’analyse des données. Les chercheurs vont en effet piéger des moustiques pour étudier la distance que les mâles ont parcourue, leur durée de vie, leur capacité à éteindre la population de femelles ordinaires, et si toutes les femelles porteuses du gène modifié sont effectivement en train de disparaître.