Quand les Noirs américains s'arment : "Répondre à la violence par la violence"

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Par Jean-François Herbecq avec Aurélie Fogli, Andrea Pavarotti et K.D.

Dans ce quartier en périphérie de Dallas, un groupe de militants lourdement armés devant un bureau de vote. Fusils d’assaut, vêtements noirs ou militaires et drapeaux "Black lives matter": ils sont là pour une démonstration de force.

"Je suis un mercenaire" lance l’un d’eux qui veut rester anonyme. "Mon arme, c’est ma voix. Les Blancs ne nous écoutent pas, mais quand on leur tire dessus, on a toute leur attention", ajoute-t-il.

Répondre à la violence par la violence

Les membres du groupe expliquent répondre à une provocation. Une bande de militants pro Trump est venue ici quelques jours plus tôt intimider les électeurs du coin, majoritairement Afro-Américains, qui tentaient de voter. Les Trumpistes avaient prévu de revenir, mais c’était sans compter sur ce comité d’accueil.

"Nous répondrons à la violence par la violence", explique Babu Omowale. Il est président d’un "Gun Club" pour Noirs américains. Son but : que tous les noirs du pays soient armés et puissent se défendre. "Et s’il faut tirer et tuer quelqu’un, nous le ferons", ajoute-t-il.

La vente d’armes a fortement augmenté aux Etats-Unis, particulièrement parmi la communauté noire. Pour Cédric Goodacre, un habitant du coin venu arme à la main, ils n’ont pas d’autres choix. C’est une question de droits et de survie.

Terena Hodge tranche un peu dans cette masse. Avec son T-shirt "legal observer", sa caméra vissée au col (et son arme à la ceinture), cette quinquagénaire est là pour filmer d’éventuels affrontements avec la police ou d’autres groupes. Pour elle, c’est clair : il y aura sûrement des violences après les élections.

Les milices afro-américaines donnent aussi de la voix

Cette démonstration de force filmée par une équipe de la RTBF au Texas, c’est encore la mise en pratique du deuxième amendement de la Constitution américaine qui prévoit le droit pour tous d’être armé, un texte qui remonte à 1791.

Not Fucking Around Coalition, Louisville, Kentucky

Pour comprendre le contexte, il faut connaître l’univers des milices aux Etats-Unis. Des milices noires existent aussi comme la NFAC sur laquelle a enquêté Le Figaro. L’acronyme signifie "Not fucking around coalition" ("coalition qui ne rigole pas" pourrait-on poliment traduire) et combat les suprémacistes blancs. Ce groupuscule s’inspire des Black Panthers des années 60.

Opposés aux milices d’extrême droite, en forte recrudescence depuis les années 80, ces groupes armés font de plus en plus parler d’eux depuis l’avènement du mouvement Black Lives Matter.

Selon Radio-Canada, l’histoire récente des milices a pris une expansion dans les années 90. A cette époque, la NRA, le puissant lobby pro armes américain, commence à prôner l’autodéfense armée. Cela donne donc une légitimité aux miliciens. Ceux-ci, outre l’affection toute particulière qu’ils ont pour les armes à feu, sont également très sensibles à la liberté individuelle.

Ces milices font craindre des troubles qui pourraient survenir après le scrutin présidentiel à venir. Comme les Proud Boys, ce groupe d’extrême droite citée par le président Trump lors du premier débat face à Joe Biden"Proud Boys, mettez-vous en retrait et tenez-vous prêts" avait déclaré le candidat Républicain.


A lire aussi : A quelques jours de l’élection présidentielle, Washington se barricade par crainte de violences

Extrait du JT du 01/11/2020

Quand les Noirs américains s'arment : "Répondre à la violence par la violence"

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