Le parc Güell de Barcelone, œuvre emblématique de l’architecte moderniste d’Antoni Gaudi, est en ce moment à l’usage exclusif des habitants du quartier. "Toute mon enfance, j’ai joué dans ce parc. Mais avec ma fille, nous ne venions jamais car c’était impossible de faire quoi que ce soit, il y avait trop de monde", explique Laia Torra, une professeure de sport de 39 ans.
Aujourd’hui, la jeune femme venue avec une amie et leurs enfants, ont à leur disposition un des endroits les plus convoités du parc : un long banc ondulant décoré de mosaïques colorées donnant sur un merveilleux panorama de la ville, avec la Méditerranée à l’horizon. Les deux femmes n’y viennent normalement jamais car le site est toujours pris d’assaut par des visiteurs cherchant le meilleur angle de prise de vue.
"C’est merveilleux, c’est comme revenir vingt ans en arrière. Nous savons que c’est temporaire mais il faut en profiter", insiste Laia.
A Barcelone, les pancartes "Tourist, go home" qui avaient fleuri ces dernières années ont perdu leur raison d’être, au moins pour un temps. Même si la facture économique sera salée.
Après avoir manifesté les étés derniers contre les fêtes et le manque de civisme de certains touristes, l’ancien quartier de pêcheurs de la Barceloneta s’est aujourd’hui transformé en un gigantesque gymnase à ciel ouvert, où les habitants viennent courir, nager et surfer pendant les heures autorisées. "Normalement je ne vais pas sur ces plages […] Maintenant, c’est plus tentant. Et l’eau est plus propre", se réjouit Emma Prades, une psychologue de 43 ans.