Le fantôme de la radio

Quand René et Georgette Magritte se racontent

© 2019-2020 Charly Hersovici c/o Sabam

Le 2 mars dernier, l'un des tableaux extraits de la série 'L’Empire des Lumières' a été vendu à Londres pour la somme colossale de 61 millions d’euros. Un record pour l’artiste belge qui, de son vivant, se disait guère intéressé par les prix extravagants qu’atteignaient ses toiles… Cet événement qui a agité le marché de l’art est l’occasion d’évoquer, à l’aide de nombreux documents sonores, quelques fragments de la vie de Magritte aujourd’hui connu et reconnu dans le monde entier.

Vous entendrez René Magritte s’exprimer sur son travail et son parcours artistique. La parole sera également donnée à Georgette son épouse, à Louis Scutenaire, l’un de ses plus fidèles compagnons de route ainsi qu’à Salvador Dali qui admirait beaucoup le peintre surréaliste dont il fut proche dans les années 20.

Les jeunes années

Originaire de Lessines, René Magritte grandit avec ses deux jeunes frères dans une famille bourgeoise, à Châtelet, près de Charleroi, au début du XXème siècle. Les trois frères Magritte sont des sales gamins qui terrorisent, le mot n’est pas trop fort, les habitants de la commune.

Auteur d’une biographie sur Magritte, Jacques Roisin a enquêté plus particulièrement sur l’enfance du peintre. Pendant 10 ans, il a recueilli les témoignages de ceux qui ont connu la famille Magritte lorsque René était enfant et adolescent. Une enquête qui révèle la face sombre du personnage…

La mère du jeune René se suicide en 1912. Les Magritte quittent Châtelet et emménagent à Charleroi l’année suivante. C’est à cette époque que René rencontre Georgette Berger, fille d’un boucher de Marcinelle. Il suit, à partir de 1915,  les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles.

Vers le surréalisme

Nous sommes en 1921. René Magritte, désormais marié, travaille comme dessinateur dans une fabrique de papiers peints, à Haren.  En marge de cette activité professionnelle purement alimentaire, Magritte peint de plus en plus, marqué par des influences venues notamment d’Italie.

Magritte prend goût pour la provocation. Avec son ami Edouard Mesens qu’il a rencontré lors de son service militaire, il participe à des actions pas très éloignées des mauvais tours qu’il jouait aux habitants de Châtelet quand il était enfant.  

C’est le point de départ d’un mouvement subversif qui va aboutir à la naissance du groupe surréaliste en Belgique. Paul Nougé, Marcel Lecomte, Camille Goemans du groupe Correspondance sont finalement rejoints par René Magritte, Edouard Mesens, André Souris, Louis Scutenaire. Ecrivains, poètes, plasticiens, musiciens… Ensemble, ils forment le premier groupe surréaliste belge, en 1926.

Magritte à Paris

Après sa première exposition à la galerie Le Centaure à Bruxelles en 1927, René Magritte s’installe près de Paris, à Perreux sur Marne avec Georgette et se rapproche des surréalistes français, André breton en tête. Il refuse toutefois de vivre au cœur de la capitale française.

C’est pendant leur séjour à Paris que Les Magritte font la connaissance de Salvador Dali, par l’intermédiaire de Camille Goemans, membre du groupe surréaliste belge. En 1928, ils décident de partir ensemble en vacances à Cadaquès, chez les parents du peintre catalan. Dali gardera toujours une réelle admiration pour Magritte.  

A la fin des années 20. Magritte perd ses contrats avec les galeries qui le soutiennent dans la capitale française. Quant aux relations avec les surréalistes français, elles se sont considérablement dégradées.

La trahison des images

Les Magritte rentrent en Belgique en 1930 avec peu de moyens. Pour gagner sa vie, René se voit contraint de développer des activités de dessinateur publicitaire. Il confie la commercialisation de ses tableaux à Edouard Mesens.

A cette époque, Magritte poursuit ses recherches artistiques sur le décalage entre l’objet et sa représentation. Avec sa peinture, il entend interroger les mots dans leur fonction d’identification et d’interprétation. Une réflexion entamée quelques années plus tôt, notamment avec un de ses tableaux les plus célèbres, 'La trahison des images'.

Plusieurs éléments participent au mystère Magritte : les mystérieuses figures qui apparaissent de manière récurrente dans ses tableaux, les titres en décalage complet avec les scènes et objets représentés sur les toiles. Des titres inventés le plus souvent par ses amis surréalistes, dont Louis Scutenaire.

L’œuvre de Magritte ne cessera d’intriguer et de diviser. Magritte connaîtra le vrai succès et la reconnaissance à la fin des années 50, notamment grâce à son marchand Alexandre Iolas, basé à New York. C’est là, au Museum of Modern Arts (le MOMA) que Magritte aura l’occasion de présenter une rétrospective de son œuvre en 1965.

Envers et contre tout, René et Georgette Magritte resteront unis jusqu’au décès du peintre en 1967, des suites d’un cancer du pancréas. 

Retrouvez ici la voix de René et Georgette

Avec les voix de :

Louis Scutenaire, poète et ami de Magritte
René Magritte
Georgette Magritte
Didier Ottinger, Conservateur du Musée National d’Art moderne de Paris en 1999
Salvador Dali
Jacques Roisin
Paul Simon, 1982 - René and Georgette Magritte with their dog after the war.

Le Fantôme de la Radio, une émission préparée par Eric Loze, avec le précieux concours de la SONUMA, l’entreprise qui sauvegarde les archives audiovisuelles de la RTBF.

Les séquences et interviews que vous avez entendues sont extraites des émissions suivantes :

L’Hebdo
Rencontre, avec Michèle Cédric
L’œil écoute
Autour de René Magritte, de Lucien Deroisy
Entretien avec René Magritte, de Jacques Goossens


 

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