Le Belgique-Japon du 2 juillet 2018 est un souvenir mémorable pour les deux pays. Mais la saveur n’est évidemment pas la même dans les deux nations. Si les fans des Diables retiennent l’exaltation d’une victoire arrachée sur le fil, les partisans des Blue Samurais conservent la trace indélébile d’une énorme désillusion.
Moriyasu, l’adjoint devenu architecte
Hajime Moriyasu était sur le banc de la Rostov Arena. L’adjoint d’alors a succédé à Akira Nishimo au poste de sélectionneur. Lui qui a vécu ce traumatisme a été choisi pour entamer le chapitre de la reconstruction. Au moment d’entrer dans la cinquantaine, le technicien de Nagasaki a les planches et le charisme pour cette mission. Trois fois champion du Japon en cinq ans avec Sanfrecce Hiroshima, il connaît aussi très bien la jeune génération appelée à prendre la relève puisqu’il a coaché les U23 pendant quatre ans. Avec à la clé une 3e place aux Jeux asiatiques de 2018.
L’ancien milieu de terrain travaille vite et bien. Six mois après la cruelle défaite face aux Diables, il mène le Japon en final de la Coupe d’Asie. La défaite face au Qatar laisse des regrets mais la machine est relancée. Et elle continue de bien tourner. Le pays du Soleil Levant, 2e derrière l’Arabie saoudite en qualifications, prolonge son abonnement pour le Mondial avec une septième participation de rang.
Moriyasu enchaîne les matches et les bons résultats. Il totalise 61 rencontres en tant que sélectionneur, dans l’histoire du Japon seul Zico (71) a fait mieux. Il affiche en plus bilan inégalé de 2,15 points par match. Tout en posant des choix forts, comme maintenir le Gunner Takehiro Tomiyasu sur le banc.
Une des sensations du mondial 2022
Moriyasu a dû assurer la transition générationnelle. Hasebe, Kagawa, Honda ou Haraguchi et Inui, les buteurs qui ont fait trembler les Diables, ne sont plus là. Dès joueurs présents à Rostov, ils ne sont que sept à faire le voyage au Qatar : Gonda, Kawashima, Yoshida, Nagatomo, Shibasaki, Endo et Sakai.
Pour son premier match le Japon s’offre un premier grand coup. Mis sous pression par une Mannschaft maladroite (74% de possession, 11 tirs cadrés, 1 but), les Japonais font preuve d’un cœur énorme et renverse le géant allemand dans le dernier quart d’heure. Ritsu Doan et Takuma Asano sortent du banc pour inverser le cours du match. Le 4-2-3-1 de Moriyasu est reconduit mais pas avec le même succès contre le Costa Rica. L’architecte du renouveau japonais repense donc son système (3-4-3) pour affronter l’Espagne, l’autre poids lourd du groupe. Les Blue Samurais réalisent un nouvel exploit. Deux buts en trois minutes. Le deuxième, signé Tanaka, a fait couler beaucoup d’encre et de larmes en Allemagne. Au point que la FIFA a officiellement communiqué sur la validité de la réalisation.
Avec 6 points, le Japon termine à la première place du groupe E. Un résultat dont même les plus optimistes n’avaient pas osé rêver à Tokyo ou Fukuoka.
À lire aussi
Ne jamais sous-estimer le coeur d’un Japonais !Briser le plafond de verre des 1/8es
En sept participations, les Japonais ont réussi à s’extirper de la phase de groupe à quatre reprises. Un beau ratio quelque peu gâché par les trois éliminations successives. A chaque fois, le même goût amer des regrets. En 2002, c’est la Turquie qui barre la route au Japon dans son Mondial. Huit ans plus tard, la séance des tirs au but sourit au Paraguay. Et puis en Russie, l’aventure japonaise s’arrête après le scénario que l’on sait.
La quatrième sera-t-elle la bonne ? La Croatie frustra-t-elle à son tour le Japon ? Réponse ce lundi.