Samedi soir, la Juventus a connu sa quatrième défaite de la saison en Serie A. Après onze journées de compétition, la Vecchia Signora se retrouve potentiellement à seize points de la tête du classement, occupée par le tandem Napoli – Milan AC. La crise frappe à la porte des Alpes. En vrai crise identitaire, tancée par le reste du monde du football pour le projet controversé de la Super League menée par son président Andrea Agnelli, la Juve connaît une période extrêmement sombre, dont il n’est pas sûr qu’elle se relève rapidement, malgré le discours voulu rassurant des dirigeants.
Ronaldo laisse un grand vide derrière lui
Quand il arrive dans le Piémont en 2018, Cristiano Ronaldo amène avec lui l’espoir de toucher aux anses de la Ligue des champions, trophée qui se refuse à la Juve depuis 1996. A l’époque, la Juve vient de perdre deux finales en trois ans (2015, 2017) et compte sur le quintuple Ballon d’or portugais pour faire franchir cette dernière marche au club zébré. Mais Cristiano, bien qu’extraterrestre lors de ses trois saisons italiennes (21, 31 et 29 buts en championnat), a pour effet de déséquilibrer l’effectif qui se cherche pourtant une identité au milieu de terrain depuis les départs du quatuor magique composé de Pirlo, Marchisio, Pogba et Vidal. Et si le club sauve les apparences en remportant deux des trois derniers exercices, les observateurs transalpins comprennent que le cycle n’est pas renouvelé. Si bien que le départ précipité du Portugais cet été n’a pas été explicitement regretté par la direction turinoise, alors que les fans déplorent le vide qu’il laisse derrière lui.
Du cafouillage chez les entraîneurs
Ses deux finales de Ligue des champions, la Juve les avaient disputées avec Massimiliano Allegri à sa tête. Mais en 2019, l’homme était arrivée au bout de son histoire et avait passé la main. Les dirigeants avaient alors jeté leur dévolu sur Maurizio Sarri. Au sortir d’une histoire tumultueuse avec Chelsea, qui l’avait notamment vu remporter l’Europa League (2019), l’ancien entraîneur de Naples change de dimension en prenant les rênes du mastodonte turinois. C’est peu de dire que la personnalité du tacticien et sa vision romantique du football ne cadre pas avec l’institution juventine, et l’aventure tourne court après une saison, malgré un titre accroché au forceps (2020). Vient alors le cafouillage Andrea Pirlo, légende du club sur le terrain mais inexpérimenté comme T1, d’abord annoncé comme entraîneur des U21 avant d’être promu dare-dare pour l’équipe première. Un cadeau pour personne, pas plus pour lui que pour son groupe qui se cherchait un capitaine de navire alors que la concurrence s’armait en face, à Milan notamment. C’est la saison de la destitution (2021), qui voit la Juve perdre le titre pour la première fois depuis 2011. Pirlo est logiquement remercié, et la famille Agnelli rappelle Allegri à la rescousse. Un Allegri aujourd’hui très dur lorsqu’il analyse les performances de son équipe : "Comme pour chaque équipe de milieu de tableau. Nous devons regarder la réalité en face : il y a une mauvaise situation au classement. On a seulement 15 points. Et nous devons prendre nos responsabilités et reconnaître qu’on est une équipe de milieu de tableau. Avec un esprit différent, en se montrant plus conquérants on s’en sortira. Car les qualités sont là". Les qualités sont là, mais les joueurs
Les joueurs doivent se regarder dans le miroir
Quatre défaites en onze matchs, le constat est effarant. Des défaites contre Empoli, Sassuolo, Hellas Vérone et Naples, c’est encore plus dérangeant. L’équipe se cherche un buteur (Paulo Dybala, trois réalisations, est le meilleur marqueur de la saison) et regrette l’absence de leaders au milieu de terrain alors que Locatelli, Arthur, Bentancur et Rabiot peinent à trouver leur équilibre. En défense, les comparses Bonucci et Chiellini courent eux aussi après leur forme de l’Euro. Pavel Nedved aurait beau préparer un mercato XXL pour redresser le tir dès le mois de janvier, la concurrence est déjà loin. Et il convient de se méfier de la fenêtre de transferts hivernale, qui n’apporte que rarement des plus-values immédiates. Le club piémontais a déjà montré par le passé qu’il avait cette faculté immense de rebondir dans ses moments sombres. En voici un.