Belgique

Que représente le taux d’emploi en Belgique ? Comment est-il calculé ?

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La Belgique a-t-elle un taux d’emploi de 60,8% ou de 72% en 2022 ? Ces pourcentages peuvent se retrouver sur des plateformes officielles telles que Statbel, l’OCDE (l’Organisation de coopération et de développement économique) ou encore Eurostat. Mais comment sont calculés ces taux et que représentent-ils exactement ?

Sur le plateau de "QR le débat" ce mercredi 18 janvier, le président de la FGTB Thierry Bodson mettait en effet en lumière une différence de calcul dans le taux d’emploi. Ainsi celui-ci peut être obtenu de deux manières différentes. La première méthode consiste à prendre en compte la part de la population âgée de 20 à 64 ans qui est employée. C’est sur cette base que l’Europe et la Belgique fixent l’objectif des 80% de taux d’emploi d’ici 2030."Les travailleurs salariés sont définis comme étant toutes les personnes qui, au cours d’une semaine de référence, ont travaillé au moins une heure pour effectuer un paiement ou un bénéfice ou étaient temporairement absentes de ce travail", définit Eurostat. "Que vous soyez occupés 10h ou 38h/semaine, vous comptez pour une unité", affirme Thierry Bodson.

De cette manière, Eurostat et Statbel arrivent à un taux d’emploi de 71% en Belgique en 2021. C’est moins que les 82% des Pays-Bas la même année.

 

La deuxième méthode consiste à calculer le nombre d’heures prestées, les équivalents temps pleins. C’est la méthode qu’utilise l’OCDE (en se basant sur une population âgée de 15 à 64 ans et non de 20 à 64 ans, ndlr) et que la FGTB préfère prendre en compte. "C’est précisément la masse active totale qui importe, car c’est sur elle que sont payées les cotisations de sécurité sociale", écrit la FGTB dans le grand baromètre socio-économique de 2022. Ainsi, si l’on ne tient compte que des heures prestées, le taux d’emploi de la Belgique s’élevait en 2021 à 60,8%, c’est plus que les 59,8% des Pays-Bas la même année.

Cette différence, la FGTB l’explique par le fait que les Pays-Bas proposent davantage de contrats à court terme et temps partiels à sa population que la Belgique. De plus, "les Pays-Bas ont plus développé que nous la formation en alternance. Ce type d’enseignement comprend une partie contrat de travail. Beaucoup de travailleurs sont en fait des jeunes en formation qui ne seraient pas comptabilisés s’ils effectuaient un stage pratique à l’école", ajoute l’économiste Philippe Defeyt.

De cette manière, le nombre de personnes actives aux Pays-Bas est plus important alors le travailleur belge travaille 11% d’heures de plus que ses voisins Néerlandais, Allemands ou Français.

Deux méthodes de calcul correctes pour deux réalités différentes

Pour l’économiste Philippe Defeyt, ces méthodes sont complémentaires et ont chacune leurs avantages. "Il faut mettre en perspective les chiffres, d’où l’intérêt d’avoir pour un même pays un calcul classique et un équivalent temps plein. Il n’y a pas une bonne et une mauvaise méthode, tout ce qui permet d’éclairer les réalités socio-économiques variables et subtiles est bon à prendre." Toutefois, bien que nous n’ayons pas encore les chiffres de l’année 2022, "il faut garder à l’esprit que dans les circonstances actuelles, environ 10% des travailleurs qui sont officiellement intégrés dans les taux d’emploi ne travaillent pas pour des raisons de maladie. J’insiste donc sur l’idée qu’il faut travailler autant que possible en heure équivalent temps plein plutôt qu’en termes de personnes."

Il faut également pouvoir prendre les chiffres avec des pincettes et utiliser le taux d’emploi pour ce qu’il est : un indicateur. "Il est difficile de comparer les pays puisqu’ils ne sont pas tous soumis aux mêmes réalités. L’âge du départ à la retraite et la manière dont est organisé l’enseignement diffère." En effet comme nous l’avons dit, l’OCDE tient compte des jeunes âgés de 15 à 20 ans dans ses calculs. Mais contrairement au Mexique qui fait lui aussi partie de l’organisation, une majorité de cette population est toujours aux études à cet âge en Belgique. " C’est absurde de les comptabiliser puisque cela fait baisser le taux d’emploi par rapport aux 20-64 ans."

Enfin, il est à noter que de plus en plus de Belges âgés de plus de 64 ans continuent à avoir une vie professionnelle active par de la consultance ou des flexijobs. Or que l’on utilise la méthode classique ou les équivalents temps plein pour calculer le taux d’emploi, les plus de 64 ans ne sont pas représentés.

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