En tant qu’historien et professeur à la Sorbonne, Nicolas Offenstadt considère que l’urbex est une pratique scientifique, qui a de la valeur pour son métier. Il rend d’ailleurs publics les lieux de ses expéditions, il en précise l’intérêt et donne éventuellement des éléments historiques, sur les réseaux sociaux ou ailleurs.
"Parce qu’effectivement, je trouve que ces lieux abandonnés - des usines, des maisons de la culture, des anciennes institutions publiques, des casernes…- c’est d’une certaine manière un bien commun, parce qu’il y a des histoires de vie qui s’y sont déroulées. Autrement dit, il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas en faire l’histoire, éventuellement les visiter, même de manière illégale, chacun prend ses risques."
L’exploration urbaine permet de dévoiler un patrimoine industriel, de garder la mémoire de nos villes. Il y a cette idée d’un bien commun dans la ruine et dans l’abandon, qui est notre histoire. Et beaucoup d’urbexeurs le vivent comme tel.
Cela pose aussi la question de l’abandon : pourquoi un lieu, à un moment donné, est-il abandonné ? Pourquoi y abandonne-t-on des archives, des machines, des vêtements… ? Des objets qui sont très intéressants pour l’historien, parce qu’on n’en trouve parfois pas l’équivalent aux Archives.
C’est à la fois une ressource, une interrogation sur ce qu’est l’abandon, et aussi un bien commun. Donc, l’urbex ouvre vraiment, pour un historien, beaucoup de choses, au-delà du plaisir de l’aventure.