"Quel a été le timing précis de l'annonce de Martinez aux joueurs?"

Notre consultant Nordin Jbari n'y va pas par quatre chemins : "J'ai toujours été contre Martinez. L'entraîneur, pas l'homme. Je ne vais pas changer mon fusil d'épaule maintenant qu'il est parti. C'est un échec cuisant de ne pas passer les poules. Si Didier Deschamps avait été dans le même cas avec l'équipe de France, cela aurait été la même histoire. Martinez s'est toujours fortement appuyé sur les individualités et on n'a pas l’impression qu'il a préparé une évolution dans cette équipe. Bon vent à lui et il va rebondir de toute façon."

"C'était la meilleure chose à faire après ce constat d'échec-là", ajoute Pascal Scimè. "Il a dû se dire qu'il ne pouvait plus rien apporter à cette équipe. Il est impossible de résister à un tel échec. Surtout, et pour tout le respect que j'ai pour nos adversaires, dans un groupe où tu es favori. Cette équipe me fait beaucoup penser à la France de 2010, à une équipe en fin de cycle." 

Thomas Meunier a été l'un des premiers à réagir : "Il nous avait fait glisser le mot déjà dans le groupe il y a quelques jours et on s’en doutait un petit peu. Il avait dit que c’était son dernier tournoi avec nous et qu’il avait à cœur de faire les choses bien." 

Ce qui titille l'équipe "Complètement Foot", c'est donc bien évidemment le timing précis de cette annonce aux joueurs. "J'aimerais savoir quand il l'a annoncé", précise Nordin Jbari. "Avant ou après le Maroc ? En tous cas, ce n'est pas une bonne chose de l'annoncer aux joueurs avant un match important. Tu amènes certaines questions et surtout de la fébrilité." 

Pascal Scimè abonde dans le sens de notre consultant : "Le timing est particulier. Mais en même temps, pour moi, ce n'est pas une surprise. C'était cousu de fil blanc. Certains d'entre nous pensaient que cette nouvelle ère aurait dû commencer après l'Euro. Depuis ce tournoi, on voyait qu'il était moins heureux d'être là, on le sentait aussi plus agacé en conférence de presse. Je le répète, le momentum est mal choisi. Maintenant va se poser la question de l'héritage laissé par Martinez."

Pour Nordin Jbari, cette élimination était prévue : "On est éliminé après un bon match. Les Diables Rouges ont eu une réaction par rapport à eux-mêmes d'abord, mais aussi par rapport au peuple belge. Malheureusement pour nous, pour eux, ça n'a pas suffit. On est tombé sur des bons Croates et sur un grand Modric. Pour moi, c'est l'homme du match. On pourra aussi parler de Lukaku. On a pourtant eu des occasions pour marquer."

Insuffisant, c'est le mot qui vient immédiatement à la bouche de Pascal Scimè : "On devait gagner mais on ne l'a pas fait. Ça se limite à ça. C'est le meilleur match de la Belgique depuis longtemps, depuis l'Euro peut-être. Il aura peut-être fallu perdre contre le Canada pour nous réveiller. On est éliminé avec 4 points sur 9. C'est un échec mais pas la honte totale. Mais ça fait des mois que beaucoup tiraient la sonnette d’alarme." 

Nordin Jbari n'est pas tendre avec le sélectionneur : "Beaucoup ont tiré la sonnette d'alarme ? Je ne sais pas. Par contre, beaucoup se sont fait enfumer par Martinez. Nous, on n'analyse pas ce qui se passe sur un match mais dans son ensemble. A-t-il tout essayé face aux Croates ? Oui, mais j'ai bémol : quand je vois l'entrée de Lukaku, je pense qu'il était apte à commencer. Il était là quand il y avait une possibilité. Mais à chaque fois, ça n'a pas fonctionné. Le poteau, ce n'est pas possible de faire mieux. Et les autres ballons, c'est de la malchance. C'est un compétiteur doublé d'un tempérament de gagneur. Il sait qu'il aurait pu sauver la Belgique. C'est la vie d'un attaquant." 

Pascal Scimè rejoint notre consultant : "La seule occasion où il doit mieux faire, c'est quand il reprend le ballon de la poitrine. On ne m'enlèvera pas de la tête que sur ce ballon, il est fautif. Son non-verbal le trahit. Mais je vous en conjure, n'allons pas imputer l'élimination de la Belgique à Romelu. S'il y a un fautif, c'est le capitaine du navire, Roberto Martinez."