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Quelle heure est-il sur la lune ?

Déclic et des claques

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Par Hélène Maquet, édité par Guillaume Woelfle

En 2025, des astronautes vont retourner sur la Lune dans le cadre du programme Artemis, porté par la Nasa. Or, jusqu’ici, ceux qui ont posé le pied sur la Lune, l’ont fait pendant les missions Apollo, pendant lesquelles les astronautes ne restaient pas très longtemps.

Désormais, ce qui est visé, c’est une présence humaine permanente sur la Lune. Et pour organiser cette présence humaine, il faut un temps de référence standard.

Sur terre une journée dure 24 heures, c’est-à-dire le temps que prend la Terre pour tourner sur elle-même. Mais la Lune, elle met 29,5 jours pour tourner sur elle-même, soit autant que pour tourner autour de la Terre. C’est qu’on appelle la "rotation synchrone".

A partir de là se posent plein de questions :

  • Est-ce qu’une journée lunaire, alors, dure 29 jours terriens et demi ?
  • Combien d’heures peut-on compter dans cette interminable journée ?
  • Faut-il des fuseaux horaires ? Et des heures différentes en fonction d’où on se trouve sur la Lune ?


Faudrait-il plutôt utiliser la même heure que sur Terre ? Là, encore ce n’est pas si simple puisque nous utilisons sur terre des horloges atomiques qui réagissent différemment à la gravité. Une horloge atomique perd 56 microsecondes par 24 heures sur la Lune et donc, on ne peut pas mesurer le temps de la même manière sur la Lune et sur Terre.

Est-ce que c’est si important de choisir une heure, une mesure du temps pour la Lune ?

Mesurer le temps sur la Lune n’est pas si anecdotique que cela car sur place, les astronautes utiliseront des systèmes de navigation (type GPS) par satellite qui tourneront autour de la lune. Et pour que ces satellites puissent se coordonner ils doivent se fonder sur une mesure du temps commune. Au bout du compte, on se dirige donc vers une standardisation du temps lunaire, ce qui pose des questions éthiques plus profondes.

L’histoire des fuseaux horaire et de la mesure du temps sur Terre est très fortement à l’industrialisation et au capitalisme. Le système de mesure du temps c’est une production culturelle, teintée de la réalité d’un endroit, d’une société à un moment donné.

Il se fait que, par ailleurs, le retour sur la Lune s’accompagne pour les pays et les entreprises d’une volonté d’exploiter le sol lunaire. Notamment des gisements de titane et de fer. La Nasa parle de "Lunar Gold Rush", de ruée vers l’or lunaire.

Or, Si les agences spatiales européennes et américaines imposent à un territoire (la Lune, en l’occurrence) une pratique culturelle (l’usage de l’heure) qui n’y existe pas, et cela à des fins économiques… de quoi s’agit-il ? Ce n’est pas très loin d’être la définition de la colonisation.

Sommes-nous dans un mouvement colonisation de la Lune ? C’est une question que se posent de plus en plus de philosophes, de juristes et d’associations environnementales. Et qui offre une perspective intéressante, parce qu’elle ouvre la question des conséquences non maîtrisées, à long terme, d’une prise de contrôle de l’être humain sur la Lune.

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