Contre les "pirates" de la route
La ministre wallonne en charge de la Sécurité routière, Valérie De Bue, a réagi aux événements en ces termes : "Il faut intensifier le combat contre les pirates de la route et coordonner nos efforts. Je prendrai contact rapidement avec mes homologues des autres régions ainsi qu’avec les ministres de la Justice et de l’intérieur", a-t-elle indiqué, ajoutant que "les réseaux sociaux des occupants de la voiture semblent montrer sans équivoque qu’ils ont des comportements extrêmement graves et déviants en matière de sécurité routière".
Un problème de récidive
Y a-t-il un problème général de sécurité lié aux "pirates" ou aux "chauffards" en Belgique ? Au-delà du cas précis de Strépy-Bracquegnies, qui doit encore être éclairci, ce que les données disponibles indiquent, c’est qu’il y a en tout cas un problème de récidive. "La moitié des personnes condamnées devant un tribunal récidive dans les dix ans qui suivent la condamnation", indique Benoit Godart de l’Institut pour la sécurité routière Vias. "C’est ce petit groupe de multirécidivistes qui provoquent généralement des accidents très graves. C’est important de trouver la juste sanction, ça peut varier d’un individu à l’autre."
Chaque année, la vitesse tue environ 150 personnes. "Quand un piéton est heurté par une voiture qui va au-delà de 80 km/h, la chance de survie est infime", précise Benoit Godart. L’alcool, lui, est impliqué dans le décès d’une centaine de personnes chaque année. C’est la principale raison de déchéance du droit de conduire. Pas de chiffres pour la drogue au volant, même si "c’est un phénomène de plus en plus courant, surtout parmi un public plus jeune".
Quelles sanctions ?
"Les peines peuvent être très sévères", expose Benoit Godart. "Ça peut aller jusqu’à la déchéance à vie pour les cas les plus graves, des amendes de plusieurs milliers d’euros voire la prison. Il faut faire appliquer ces lois."
Et il faut les appliquer sur le terrain, ce qui n’est visiblement pas si simple en ce qui concerne le respect de la déchéance du droit de conduire." Maintenant avec la profusion des caméras NPR [qui permet d’identifier, dans la circulation, les propriétaires des plaques], c’est plus facile de faire respecter la loi car quelqu’un qui roule alors qu’il est déchu va être tout de suite repéré par ces caméras."
Mais il ne suffit pas de contrôler l’application de la sanction pour une politique de sécurité routière efficace. C’est ce que pointe Bruno Gysels, ancien juge et actuellement toujours en activité en tant qu’avocat spécialisé en circulation routière. Lui qui défend régulièrement des auteurs d’infractions routières parfois graves considère, dans un texte publié sur internet et qu’il nous a envoyé, que les autorités se trompent de priorité : "Nous entendons régulièrement que notre réseau routier va être parsemé de nombreux nouveaux radars automatiques. Je n’entends jamais parler de nouveaux et conséquents investissements en matière de contrôle de la conduite sous influence. Et je ne parle même pas de l’aide – dans l’intérêt de tous – aux conducteurs en état de dépendance que je rencontre quotidiennement. Certains me reprochent parfois de défendre des assassins alcoolisés. Je réponds toujours qu’une fois les faits commis, il est indispensable que l’auteur des faits soit accompagné avec une grande humanité mais sans complaisance."
Revoir ce reportage du JT à propos des sanctions pour les auteurs d’infractions graves (21/03/2022) :