A quelques semaines des élections présidentielles en France, le polémiste d’extrême-droite Eric Zemmour voudrait interdire les prénoms d’origine étrangère et rétablir la loi du 1er avril 1803. Elle obligeait les citoyens à choisir les prénoms de leurs enfants uniquement parmi ceux du calendrier saint ou dans l’Histoire antique.
"C’est drôle, observe Lirim Tasdélèn, parce que cette francisation a longtemps été très mal acceptée justement par l’extrême-droite, qui voyait là-dedans une manière d’invisibiliser certains étrangers qu’on ne pouvait reconnaître que par leur prénom."
Pour savoir si votre prénom est francophone ou d’origine française, un site humoristique vous propose de vérifier en un clic : vitemonprénom, lancé après la polémique sur Zemmour, est rapidement devenu viral. Plus de 160 millions de prénoms ont déjà été testés, pour voir s’ils correspondent bien à cette vieille loi de 1803. Le site vous propose même de changer de prénom si ce n’est pas le cas !
Certains prénoms, très courants pourtant dans le paysage francophone, n’y sont pas jugés réglementaires. Selon le site, Chloé devrait ainsi être changé en Alix, Arthur en Arnaud, Mila en Nina, Olivia en Olive, Noah en Jean, Cédric en Eric, Lirim en… Marie !
Un prénom à consonance étrangère suscite souvent les questions sur l’origine, que ce soit une curiosité saine ou une manière de briser la glace, remarque Lirim Tasdélèn, qui le vit lui-même.
Mais indirectement, cela m’exclut du groupe, de mon pays. Je suis l’étranger.
La sociologue des migrations Rosita Fibbi constate que les personnes d’origine étrangère doivent envoyer 30% de candidatures en plus par rapport à leurs homologues francophones, avant d’être convoquées à un entretien. L’idéal serait le CV anonyme, qui met la formation et l’expérience en avant, plutôt que l’origine ou le genre.