L’an passé, les sociaux-démocrates allemands étaient encore à la traine avec à peine 15% d’intentions de votes au scrutin législatif de septembre 2021. Ils surprennent désormais en prenant la tête des sondages, disposant de près d’un quart d’intentions de votes. En quelque mois, le parti SPD a relevé avec succès le défi de figurer à nouveau sur l’échiquier politique allemand.
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Ce retournement de situation est imputable à un homme : Olaf Scholz, qui, fin novembre 2019 encore, avait été piteusement battu à la présidence de son parti. Pourtant, pour la première fois en 20 ans, le SPD dispose des meilleures chances pour remporter les élections législatives.
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"Merkel 2.0"
Le secret derrière un tel succès ? L’ancien bourgmestre de la grande ville portuaire d’Hambourg n’a cessé au cours des semaines passées de souligner ses points communs avec la chrétienne-démocrate Angela Merkel, qui quitte la chancellerie allemande après 16 ans de pouvoir. Il se montre solide, fiable, calme, tout en retenue, sobre et analytique. Son allure austère et ses discours débités d’un ton d’automate lui valent même le surnom de "Scholzomat".
L’hebdomadaire allemand Der Spiegel se demande depuis un certain temps à quel point le candidat Scholz peut encore se "merkeliser". Dans bien des médias allemands, il passe en effet pour un "Merkel 2.0". "La voie du milieu modérée est la bonne", a-t-il résumé lors du second débat électoral télévisé.
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En début d’année pourtant, tout portait à croire que les Allemands en avaient assez du "weiter so", cette tendance à continuer à faire comme d’habitude. En temps de pandémie néanmoins, nos voisins ont semblé penser qu’il valait mieux ne pas prendre trop de risque. Les dirigeants qui ont tenu le navire et fait montre de discernement ont gagné en soutien. Et à ce titre, Olaf Scholz, a démontré qu’il peut gouverner, une expérience qui fait défaut à ses rivaux chrétien-démocrate Armin Laschet et écologiste Annalena Baerbock.
Le seul des trois candidats à avoir été ministre fédéral
Annalena Baerbock n’a jamais occupé de mandat politique d’envergure, Armin Laschet a lui bien été ministre-président du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, mais Olaf Scholz est le seul des trois à avoir été membre de deux gouvernements fédéraux. Sous le premier mandat de Merkel, il était ministre des Affaires sociales et de l’Emploi, et en 2018, il a récupéré le portefeuille des Finances de Wolfgang Schaüble.
C’est dans ce poste, en particulier qu'il a gagné du galon : il a prévu des milliards de crédits pour venir à la rescousse des entreprises lors de la crise, et il n’a pas rechigné à briser la doctrine financière stricte allemande, quitte à présenter des chiffres budgétaires dans le rouge.
Olaf Scholz a redécouvert les principes plus à gauche de son parti, ce qui est apprécié au sein de la base du SPD. Aucune dissidence au sein de la formation n’a percé au cours de la campagne électorale à l’encontre du candidat. Ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé.
Olaf Scholz a longtemps été un partisan des réformes controversées du marché du travail introduites par Gerhard Schröder, le dernier chancelier SPD. Un cap néo-libéral qu’il a défendu avec ferveur. Mais il semble avoir entre-temps pris ses distances avec cette "troisième voie". Il plaide désormais pour un relèvement du salaire minimum et pour l’imposition des grosses fortunes.