Psychologie

Quinquapower : comment sortir de l'invisibilité dans une société jeuniste ?

Quinquapower : comment sortir de l'invisibilité dans une société jeuniste ?

© Westend61

Comment sortir de l’invisibilité sans réelle représentation dans la société ? Cheveux colorés, corps juvéniles et rides masquées sont légion dans les médias et ce, même lorsque le sujet n’est autre que ladite quinqua.

Le corps jeune porté aux nues

"C’est l’une des illustrations des injonctions contradictoires et insupportables pesant sur les femmes. Vieillir, oui, mais en restant belles, minces et sans trop de signes visibles de l’âge", explique Marie Charrel, auteure de l’essai "Qui a Peur des Vieilles ?". Et si le confinement est parvenu à faire sortir le cheveu gris de l’ombre, il faut aller encore plus loin pour que les années ne soient plus liées à la dégradation du corps. Et c'est d’autant plus important si l’on considère que l’espérance de vie à la naissance des femmes, fixée à 69 ans en 1950, a augmenté de plus de 15 ans pour s’établir à 85,2 ans en 2022, selon l’Insee (France).

"On est dans une société jeuniste et avec une définition du jeunisme très étroite, comprendre les 20-35 ans, qui est liée à la notion de corps juvénile", précise Natacha Dzikowski, à la tête de sa société de conseil et du blog "50 ans, c'est super" et auteure de deux ouvrages axés sur le développement personnel ("Belle & bien dans son âge" et " J'ai l'âge que je veux ! " - Editions Leduc (2021 et 2023)).

"C’est aberrant car du coup, on est mal à l’aise quand on sort de tout ce qui concerne cette jeunesse."

"On le voit avec le nom de certains cosmétiques. Prenez les 'soins anti-âge'… C’est dire que l’on est contre l’âge alors que l’âge, c’est la vie. Il ne faut pas confondre être jeune et être vivante", conclut-elle.

La "révolution silver" est en marche !

Cette "révolution silver", comme on pourrait la nommer, coïncide avec une amorce de déconstruction de certains clichés associés à la ménopause, à commencer par celui qui voudrait qu’une femme soit désirable tant qu’elle est en capacité de faire des enfants. Certains stéréotypes ont la vie dure mais la libération de la parole dans les médias et sur les réseaux sociaux, combinée aux mutations du modèle familial, contribue à libérer les quinquas de ces carcans. Il suffit d’observer les titres de la presse féminine pour voir les prémices de ces changements… On y parle libido, rencontres amoureuses ou sexuelles et épanouissement personnel, des sujets inenvisageables pour les quinquas il y a quelques années.

"Il y a déjà eu des évolutions sur la question du corps féminin, sur les règles ou la maternité. L’heure est désormais venue pour les quinquas de lancer cette révolution de la ménopause", souligne Mélissa Petit, docteure en sociologie, spécialiste des seniors et des enjeux du vieillissement, et fondatrice du cabinet d’étude et de conseil Mixing Générations.

"C’est une génération qui ose parler, qui affirme vouloir une vie différente et ne plus supporter les oppressions de la société."

Mais cela peut-il suffire ? Pour replacer la quinqua là où elle aurait toujours dû être, il apparaît également indispensable de tordre le cou à cette quête perpétuelle de la jeunesse éternelle. "La vieillesse des femmes est encore trop largement synonyme de laideur et de laisser-aller. C’est l’illustration de l’obsession de notre société pour le jeunisme, pour les corps de moins de 30 ans (…). Nos pays vieillissent à toute allure, nous sommes des sociétés de vieux qui ne s’assument pas et refusent de se voir telles qu’elles sont vraiment", explique la journaliste et romancière Marie Charrel, auteure de l’essai "Qui a Peur des Vieilles ?". 

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