"On s’en sort bien à partir du moment où on a une certaine lucidité par rapport au monde dans lequel on vit. 50 ans est un pivot, c’est un cap car on peut être challengé professionnellement, les enfants partent, on se questionne sur la vie de couple… On fait face à un certain nombre de moments de déséquilibre, de doute, de changement. Mais ce qui est certain, c’est que c’est le travail sur soi qui permet d’être libre et de ne pas subir le poids de la société et des autres", ajoute Natacha Dzikowski.
Cette "silver révolution" passera donc par le développement personnel à titre individuel, un changement des mentalités à titre collectif et une déconstruction totale des injonctions faites aux femmes, peu importe leur âge. Mais pas que. "Il pourrait y avoir des formations et des ateliers pour ceux qui créent les publicités, par exemple, pour déconstruire leurs propres stéréotypes sur l’âge, conscients ou inconscients, et ne plus les reproduire dans les médias", soumet Mélissa Petit, docteure en sociologie, spécialiste des seniors et des enjeux du vieillissement, et fondatrice du cabinet d’étude et de conseil Mixing Générations. Et d’ajouter : "Il faut continuer à montrer des femmes de tous âges dans toutes leurs représentations sociales et physiques pour valoriser le sujet dans les médias".
Cette lutte n’en est qu’à ses prémices, et prendra sans doute du temps mais l’heure de la révolution a bel et bien sonné. "C’est dans la durée que les choses vont évoluer. Ce n’est pas juste un coup d’éclat", déclare Natacha Dzikowski, qui explique que l’une des clés pour y faire face est également la flexibilité, l’adaptabilité et la nécessité d’apprendre continuellement, et de se renouveler.
"Il faut de la volonté, de la constance, maintenir la pression et ne rien lâcher dans aucun domaine. C’est un combat de tous les jours."
Reste que, comme tout changement d’envergure, celui-ci risque de se heurter à de nombreux murs avant de s’installer durablement dans la société. "On s’approche d’une 'silver révolution' mais il n’est pas certain qu’elle dure. Comme toutes les avancées féministes, un retour en arrière n’est jamais exclu et les progrès sont toujours fragiles", rappelle Marie Charrel, auteure de l’essai "Qui a Peur des Vieilles ?". Puissantes, dynamiques et plus que jamais décidées à briller, les quinquas semblent pourtant désormais armées pour mener cette lutte à bien et faire en sorte de ne plus jamais retomber dans l’invisibilité.