Politique

Rajae Maouane, co-présidente d’Ecolo à Jeudi en Prime : la sortie du nucléaire, "pas un combat qu’on a abandonné"

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Par Jean-François Noulet

Rajae Maouane, co-présidente d’Ecolo était l’invitée de l’émission Jeudi en Prime sur la Une, après le Journal Télévisé. C’était l’occasion pour elle de passer en revue l’actualité de ces derniers jours. La manifestation des enseignants, le cordon sanitaire, le recul des Verts en France à l’élection présidentielle, l’abattage rituel, le logement à Bruxelles et la sortie du nucléaire ont été autant de sujets commentés par la responsable politique.

Cordon sanitaire : "l’accord est bel et bien signé"

Les partis francophones, PS, MR, Ecolo et les Engagés, ont renouvelé la Charte de la démocratie, le document datant de 1993, remanié plusieurs fois, institue le concept de "cordon sanitaire" au sud du pays. Le fait qu’un président de parti, le MR, Georges-Louis Bouchez a débattu avec un leader du Vlaams Belang sur une chaîne de TV flamande avait incité les partis francophones à remettre les points sur les "i".

La date du 8 mai, symbolique car étant celle de la capitulation allemande en 1945, avait été avancée pour aboutir à un accord. A quelques jours de l’échéance, c’est chose faite. "L’accord est bel et bien signé ce soir", a déclaré Rajae Maouane, la co-présidente d’Ecolo.

Le cordon sanitaire continuera de concerner les partis d’extrême droite, alors que du côté du MR, on aurait souhaité inclure l’extrême gauche, et donc le PTB, dans les partis visés. "Il n’a pas obtenu gain de cause parce que l’essence même de cette charte et du cordon sanitaire, c’est de lutter contre l’extrême droite qui représente un danger extrêmement grave pour la démocratie aujourd’hui", a réagi Rajae Maouane, évoquant la situation en France, aux Pays-Bas et en Flandre. "L’extrême droite et les idées d’extrême droite prospèrent de manière extrêmement dangereuse, cela nous inquiète et c’est pour ça que nous avons très vite pris les choses en main avec Ecolo et demandé une réactualisation de la Charte", a poursuivi la co-présidente d’Ecolo.

Le PTB ne signe pas cette charte, sous prétexte qu’il est un parti national et qu’il n’y a pas de cordon sanitaire en Flandre. "C’est une attitude qui leur appartient", a réagi Rajae Maouane. "Nous considérons que si la Belgique francophone aujourd’hui est épargnée par l’extrême droite, c’est notamment grâce au cordon sanitaire", mais "cela ne veut pas dire que les idées d’extrême droite ne progressent pas", a ajouté la co-présidente d’Ecolo. Elle a reconnu que la situation est différente en Flandre, où il n’y a pas de "cordon sanitaire médiatique". Pour Rajae Maouane, l’affaire Jürgen Conings et les récents propos "proches de la xénophobie" de Conner Rousseau, le président de Vooruit, à propos de Molenbeek, sont autant de signes que les idées d’extrême droite progressent et "c’est un vrai danger pour notre démocratie". Et la co-présidente d’Ecolo de souligner que là où l’extrême droite bénéficie d’un haut taux d’antenne dans les médias, elle est "très haut dans les intentions de vote et est aux portes du pouvoir".

Le recul des Verts à la présidentielle française ? "Le grand perdant, c’est le climat"

Alors qu’en France, les Verts sont occupés à s’allier avec des formations de gauche pour tenter de sauver la mise aux prochaines élections législatives, que penser de leur net recul lors de l’élection présidentielle ? "Le grand perdant de ces élections en France, c’est le climat qui, malgré les rapports extrêmement alarmistes du GIEC n’a représenté que 5% du temps d’antenne en France", a regretté la co-présidente d’Ecolo. "Quand on voit comme les idées d’extrême droite de Zemmour, de Le Pen ont eu du temps d’antenne en France, j’aurais bien voulu voir les résultats des Verts français avec un temps d’antenne similaire !", a déclaré Rajae Maouane.

Quant à une alliance en Belgique francophone entre partis de gauche, à l’instar de ce qui se fait actuellement en France, Rajae Maouane souligne que ce serait impossible avec le PTB, "un parti qui ne veut pas prendre ses responsabilités", avec lequel "on n’a pas le même projet" et pour qui "c’est très facile de rester sur le banc de touche et de critiquer" au lieu, comme Ecolo de "se retrousser les manches et de mettre les mains dans le cambouis en participant aux différents gouvernements".

Abattage avec étourdissement préalable : pourquoi Ecolo est contre à Bruxelles ?

La Flandre et la Wallonie imposent l’abattage d’animaux avec étourdissement préalable, même pour les rites liés aux religions juive et musulmane. En revanche, à Bruxelles, ce n’est pas le cas. Pourquoi Ecolo est-il contre ? "À Bruxelles, notre parti a deux balises extrêmement claires", a rappelé Rajae Maouane. "D’une part, nous voulons faire progresser la question du bien-être animal" et "nous voulons le respect des libertés, dans lesquelles il y a les libertés religieuses" a précisé Rajae Maouane. Elle a rappelé aussi que la question du bien-être animal, , "ne figure pas dans l’accord de majorité", alors que Défi vient de déposer un texte pour débattre de la question.

Sur le sujet, Rajae Maouane a souhaité "appeler tout le monde à la raison", alors que "les techniques d’abattage évoluent", que "les pratiques religieuses évoluent également". "Trouvons une solution qui convienne au plus grand nombre", a plaidé la co-présidente d’Ecolo qui veut "essayer de jeter des ponts entre les différentes sensibilités".

Quant à la question de la souffrance animale, "dans ce débat, ce qui me gêne, c’est l’hypocrisie", a estimé la co-présidente d’Ecolo. "Si on veut vraiment réformer le bien-être animal, et c’est une volonté des écologistes, on ne se concentre pas uniquement sur les dernières minutes de vie de l’animal. On se concentre du début de sa vie jusqu’à la fin pour essayer d’améliorer ses conditions de vie et le faire souffrir le moins possible", a estimé Rajae Mouane. "Se concentrer uniquement aux dernières minutes de vie de l’animal, c’est une hypocrisie qui est là pour stigmatiser des populations", a-t-elle ajouté.

La sortie du nucléaire : "ce n’est pas un combat qu’on a abandonné"

Le scénario de la sortie du nucléaire a été mis de côté, au profit de la prolongation de deux réacteurs nucléaires, même si certaines formations politiques plaident pour que davantage de centrales nucléaires restent en activité. La question est à l’étude au niveau du gouvernement et fait l’objet de discussion avec Engie, le principal exploitant des centrales.

Rajae Maouane a confirmé que la sortie du nucléaire était "un combat historique des écologistes", mais que ces derniers étaient "préparés aux deux options" et "ont été les plus pragmatiques possible". "On s’est rendu compte que ce n’était pas possible cette fois-ci, parce qu’il y avait la réalité économique et le contexte mondial qui avait changé avec l’agression de Poutine sur l’Ukraine", a expliqué la co-présidente d’Ecolo. Mais a-t-elle ajouté, "ce n’est pas un combat qu’on a abandonné, c’est juste une clause de rendez-vous qui est prise pour plus tard".

Prolonger deux ou plus de deux réacteurs ? "Ce n’est pas encore arrêté, le dossier est encore en cours de discussion et de négociation", a répondu Rajae Maouane.

 

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