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« Raoul Servais. Un monde entre magie et réalisme » au musée BELvue

Harpya, Raoul Servais - 1979

© Fondation Raoul Servais

Considéré comme le père de l'animation belge, Raoul Servais - 92 ans - a développé un univers singulier tout au long de ses courts-métrages et dans Taxandria, son seul long tourné en 1994. Le cinéaste a aussi inventé une technique d'animation, la servaisgraphie, qui intègre des images de prises de vue réelles à des décors dessinés. Avant le développement des effets spéciaux numériques. L'exposition au musée BELvue est une plongée dans l'univers graphique et matériel de cet artisan du cinéma, quelque peu oublié aujourd'hui.

Raoul Servais et sa caméra Bolex
Une photo prise à l’occasion du 80ème anniversaire de Raoul Servais en 2008

L'univers d'un pionnier

Né en 1928 à Ostende, Raoul Servais a tout appris par lui-même et n'a cessé d'améliorer ses techniques d'animation. Il réalise son premier court-métrage à trente deux ans, en 1960. La Cambre a ouvert sa section animation trois ans à peine auparavant. Servais lui-même en créera une au KASK à Gand. Le cinéaste ne s'arrêtera plus. En une carrière de 60 années, il tourne un unique long métrage Taxandria, un projet ambitieux revu à la baisse qui ne trouvera pas son public, et 16 courts-métrages d'animation, dont Harpya qui remporte la Palme d'Or du court-métrage à Cannes en 1979. Harpya, ce sont huit minutes de surréalisme anxiogène entre Monsieur Oscar et une authentique harpie à qui il vient de porter secours. Un film unique dans sa technique de réalisation. Le cinéaste utilise "une technique combinant le papier découpé, la projection frontale et le multiplan." Une technique laborieuse aussitôt abandonnée.

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Ses films évoquent souvent la guerre, le pouvoir, le mystère et des messages politiquement ou socialement engagés. En 1971, par exemple, dans Operation X-70 une puissante nation largue des bombes de gaz X-70 qui provoque une mutation étrange sur la population. On est en pleine du guerre du Vietnam; les Américains ont déversé sur ce pays 80 millions de litres d’un puissant herbicide, l’agent "orange" qui contenait de la dioxine provoquant cancers et malformations. Operation X-70 remportera Prix Spécial du Jury: Festival de Cannes en 1972.

Opération X-70, Raoul Servais - 1971
Opération X-70, Raoul Servais - 1971 © Fondation Raoul Servais

" Raoul Servais. Un monde entre magie et réalisme " réuni des dizaines de dessins originaux, des éléments de décor, des affiches et même les machines avec lesquelles le cinéaste travaillait. 

"Ce qui m'a beaucoup intéressé, c'est de mettre en avant le rapport très tactile que Raoul a quand il me parle de ses films", raconte le commissaire de l'exposition François Schuiten, dessinateur de renom qui fut l'assistant principal de Servais lors de la réalisation du long métrage Taxandria (1994). "Pour moi, il était indispensable qu'on puisse voir (...) les machines avec lesquelles il a travaillé". Au-delà des procédés artistiques, c'est la personnalité du créateur qui nous est révélée, son amour pour les arts, le surréalisme, Magritte, Paul Delvaux…et sa ville d'Ostende. "Je voulais aussi qu'on sente les peintres d'Ostende dont Raoul prolonge aussi l'imaginaire, comme James Ensor, qu'il voyait parfois sur la digue", commente encore François Schuiten.

Taxandria, Raoul Servais, 1994
Taxandria, Raoul Servais, 1994 © Fondation Raoul Servais
Décor du nouveau court-métrage "Der Lange Kerl" sorti le 1er septembre 2021
Décor du nouveau court-métrage "Der Lange Kerl" sorti le 1er septembre 2021 © Fondation Raoul Servais

Un nouveau court-métrage à découvrir dans l'exposition

Agé de 92 ans, Raoul Servais a encore des histoires à raconter. Son nouveau court-métrage, “Der Lange Kerl” se déroule sur les champs de bataille pendant la Première Guerre mondiale (comme son film précédent “Tank” – 2015). Un mix de prises de vues réelles, avec deux comédiens, retravaillées numériquement avec des images en animation. Vu son âge, le cinéaste a dirigé son 16e court-métrage à distance, donnant ses instructions au réalisateur Rudy Pinceel. On peut découvrir les esquisses de ce dernier opus  sorti le 1er septembre dernier. 

Cette exposition qui sera aussi montrée à l'étranger, est le fruit du don par l'artiste d'une grande partie de ses archives à la Fondation Roi Baudouin. Plus de deux cents pièces. "Raoul Servais. Un monde entre magie et réalisme" sera accessible gratuitement jusqu'au 6 mars prochain au musée BELvue, place des Palais, 7 à Bruxelles. 

A voir ici en intégralité :

Harpya (1979)

Atraksion (2001)

Raoul servais montre le celluloïd du film Sirène - 1968
Raoul servais montre le celluloïd du film Sirène - 1968 © Fondation Raoul Servais

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