"Je suis convaincu que notre génération a raté l’enjeu principal, elle a été à côté de la plaque. […] Quand j’étais à Sciences Po, on avait l’impression qu’il n’y avait rien de dramatiquement tragique dans les choix qui nous étaient proposés et du coup, on a eu un rapport beaucoup plus dilettante à la chose publique que les jeunes d’aujourd’hui qui, eux, sont dans une perspective réellement tragique, parce que ce discours-là, ils en vivent déjà les effets."
Le monde est déjà entré dans un effondrement. Ce n’est pas la grande catastrophe, l’Apocalypse en une fois, mais ce seront des crises de plus en plus répétées, qui constituent le quotidien de cette jeunesse. Et donc cette jeunesse a un sens du sérieux beaucoup plus développé que le nôtre, même si à 20 ans, on est censé être dans un rapport léger à l’existence. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne leur a pas légué un monde qui leur autorise l’insouciance.
Je suis convaincu que parce que cette génération a conscience du péril de manière beaucoup plus charnelle que nous, elle peut nous sauver et elle va nous sauver. C’est mon seul et unique pari, sinon ça ne sert même à rien de s’engager en politique.
Si on peut lever un mouvement avec cette jeunesse qui n’a pas encore désappris à être spontané, qui n’a pas encore 'appris' à être cynique, à être fataliste, à être 'sage', qui n’a pas encore renoncé, ce sont eux qui peuvent réellement répondre aux défis du temps, affirme Raphaël Glucksmann.
La seule manière qu’on pourrait avoir de sauver nos démocraties et de sauver le monde de l’effondrement, c’est précisément la foi, l’énergie de cette jeunesse.