Economie

Rapport de la Banque nationale : créations d’emplois record en 2022, et "une légère détérioration du pouvoir d’achat, mais qui est assez marginale"

L'invité de Matin Première : Pierre Wunsch

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Par Miguel Allo sur base d'une interview de Thomas Gadisseux et agences

De quelle réforme la Belgique a-t-elle besoin ? Les mesures prises ces dernières années lors des dernières crises ont-elles été efficaces et suffisamment ciblées ? La Banque nationale de Belgique (BNB) a publié ce vendredi son rapport annuel et le constat sur l’économie est moins grave que prévu.

Une année de contrastes

La crise énergétique s’est installée depuis des mois en Europe. Selon Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale, la Belgique a bien résisté. Or, "on a eu peur. L’année passée on a même à un moment donné, prévu une récession qui ne s’est pas matérialisée." L’économiste résume l’année écoulée comme une année de contrastes avec la guerre en Ukraine, une inflation importante des prix de l’énergie, "mais c’est aussi une année ou on a eu 3,1% de croissance économique, ce qui est le double de notre potentiel habituel".

Selon les estimations, le nombre d’emplois nets supplémentaires dans l’économie belge s’élèverait à 101.000 en 2022, ce qui représente la plus forte hausse depuis le début des mesures en 1953, il y a près de 70 ans. "Ce qui est un très bon résultat", souligne Pierre Wunsch. Et il ajoute qu’une récession a été évitée.

La bataille du gaz

"On a gagné la première bataille du gaz." L’économiste rappelle que les prix du gaz ont flambé (jusqu’à 15 fois plus élevés que la norme), pour revenir actuellement à des prix un peu plus élevés que ceux d’avant la crise. En ce début d’année 2023, les prix du gaz sont repassés sous les 50 euros le MWh, un niveau qui reste toutefois deux fois plus élevé qu’avant la guerre.

Pierre Wunsch précise qu’une bataille a été gagnée, mais pas la guerre. Doit-on en déduire que le pire est encore à venir ? "Je n’ai pas l’impression." Il rappelle que, début 2022, les stocks de gaz étaient très faibles parce que la Russie avait déjà commencé à limiter l’approvisionnement. "On part maintenant avec des niveaux de stockage historiquement élevés." Et "je crois que l’essentiel de l’effort est derrière nous." En notant toutefois que si la Russie devait couper ce qu’il reste d’approvisionnement pour le sud et l’est de l’Europe, il y aurait probablement encore "une petite flambée des prix, mais moins importante que l’année passée".

L’impact de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique

La BNB a chiffré l’impact de l’invasion Russe en Ukraine et de la crise de l’énergie à 7 milliards d’euros sur l’ensemble des gouvernements. Quelles conséquences cela a-t-il sur le pouvoir d’achat des Belges ? Certains disent que le pouvoir d’achat s’érode et qu’une crise sociale s’installe, ce constat n’est pas forcément celui de la BNB pour qui la Belgique résiste bien et le pouvoir d’achat est préservé. Comment comprendre ce paradoxe ?

"On sait qu’en Belgique on a l’indexation automatique des salaires et des allocations, elle prend parfois un certain temps", explique le gouverneur de la Banque nationale. Et donc, au début de la crise, la population a subi une perte du pouvoir d’achat et "progressivement le gouvernement a pris des mesures, pour 7 milliards d’euros. […] Les bas salaires et les bénéficiaires du tarif social ont été relativement protégés de l’augmentation des prix de l’énergie puisqu’ils bénéficiaient du tarif social et ont vu leurs revenus indexés. Donc en fait, ils ont même gagné un petit peu. Ceux qui ont perdu, ce sont plutôt les classes moyennes, classes moyennes inférieures. […] Mais globalement, si on regarde la moyenne de l’économie belge, il y a eu une légère détérioration du pouvoir d’achat, mais qui est assez marginale. On s’attend à une surcompensation cette année-ci avec l’indexation qui va jouer à plein".

Des mesures peu ciblées

Les mesures prises par le gouvernement, lors de la crise de l'énergie, pour doper le pouvoir d'achat n'ont pas toutes été suffisamment ciblées, estime la BNB.

Pierre Wunsch revient sur les différentes mesures. L'extension du tarif social pour l'énergie "a été très bien ciblé, sur les bas salaires. Ce qui était recommandé par les économistes". Par contre, la réduction de la TVA (de 21 % à 6 %) sur le gaz et l'électricité "qui était une des mesures les plus chères, n'a pas été ciblée". La mesure a donc bénéficié à tout le monde. Et "finalement, ceux qui en ont bénéficié en fin de période ce sont plutôt les entreprises qui ont dû moins indexer les salaires, parce qu'il y a une baisse de la TVA." Selon l'économiste, l'effort a surtout été fait à termes au bénéfice des entreprises plus que des ménages.

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