La sécurité est l’impératif pour les professionnels de l’aéronautique. On a aujourd’hui un niveau de sécurité assez élevé, précise Guillaume Tirtiaux. "Il faudrait prendre l’avion tous les jours pendant 6033 ans pour être à bord d’un avion dans lequel au moins une personne mourra."
Cela n’a pas toujours été le cas. Les années 70 ont connu toute une série de crashes, dont le plus meurtrier en 1977. A la suite de cela, des enquêtes ont été menées, notamment en collaboration avec la NASA, et ont révélé de gros problèmes de fonctionnement de l’équipage. Des formations obligatoires ont été mises en place au fil des années 80 aux Etats-Unis, puis en Europe, où elles sont imposées depuis 2001 à tous les équipages d’avions commerciaux. On a pu observer une nette décroissance du nombre d’accidents.
Parmi les problèmes de fonctionnement, on relevait des difficultés à répartir les responsabilités, à déléguer, le fait de se focaliser sur des problèmes techniques mineurs, des problèmes de communication, ou plutôt de métacommunication, quand on ne dit pas tout à fait les choses et qu’on estime que l’autre devrait avoir compris.
Les formations sont continues, deux fois par an. Comme il est prouvé que 70% des incidents sont dus au facteur humain, la majorité de ce qui est évalué porte sur le fonctionnement de l’équipage. "On le met donc essentiellement dans des situations 'plutôt grises' : il n’y a pas de procédure type à appliquer à la situation, mais il faut en discuter en équipage, dans un intervalle de temps relativement restreint, pour prendre la décision 'suffisante' : la décision qui répondra à l’impératif de sécurité, même si on n’amène pas les passagers à la destination prévue."
Dans le simulateur 'pur pilotage', on pratique aussi énormément d’exercices axés sur le facteur humain. La notion de partage d’expérience est essentielle en aviation. Quand un incident survient, un rapport est établi. Et ces rapports sont pris en compte lors des formations au simulateur.