Autre dossier politique en cours : celui de l’inscription du féminicide dans le code pénal. "Nous avons été le premier parti a déposé un texte en ce sens, en 2019", réagit Sophie Rohonyi (DéFI). "Il est essentiel que le code pénal reflète que les femmes courent plus de risque d’être tuées en raison de leur sexe. Il s’agit d’un véritable phénomène qui montre que notre société est encore sexiste et patriarcale. Cela commence par des violences économiques, des coups et des blessures, jusqu’au féminicide. Il faut conscientiser sur le sujet au continuum des violences faites aux femmes", souligne la députée fédérale. "Il y a déjà eu une prise de conscience grâce au travail fondamental effectué sur le blog StopFéminicide qui a permis de visibiliser les victimes, mais c’est à l’État de faire ce travail. Cela nous est demandé par la Convention d’Istanbul, ratifiée par la Belgique en 2016. Pour recenser les féminicides de la meilleure manière, il faut prévoir un chef d’inculpation spécifique."
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Aline Dirkx, coordinatrice de la plateforme contre les violences faites aux femmes, n’en est pas convaincue. "J’ai l’impression qu’inscrire le féminicide dans le code pénal, cela signifie choisir uniquement la répression, c’est-à-dire choisir une voie individuelle contre un problème qui est sociétal, systémique. Il faut des mesures de prévention, avant que les féminicides ont lieu, c’est plus urgent. Il existe déjà une circonstance aggravante si on tue une femme en raison de son sexe. Il est important de reconnaître le féminicide au niveau institutionnel mais pourquoi nécessairement dans le code pénal ?", questionne-t-elle.
"Oui, ce n’est pas la panacée, et cela devrait être accompagné d’autres mesures plus larges, notamment de prévention comme la Convention d’Istanbul nous l’impose, mais il est également important symboliquement d’inscrire le féminicide dans le code pénal selon moi : le message de la société envers le féminicide sera plus clair et, avec la dimension statistique, cela nous permettra d’adopter des mesures plus ciblées", répond Sophie Rohonyi. "Je précise aussi que nous ne voulons pas consacrer les inégalités dans le code pénal, comme cela nous a déjà été rétorqué par des acteurs du monde judiciaire, nous voulons combattre les inégalités. Le crime de parricide et d’infanticide ont bien été ajoutés au code pénal malgré le fait qu’ils existaient sous la forme de circonstance aggravante."
Il est essentiel que le code pénal reflète que les femmes courent plus de risque d’être tuées en raison de leur sexe