Climat

Réchauffement climatique : quelle hausse du niveau marin en Belgique ? Et avec quels impacts ?

À quelques jours du début de la COP 26 à Glasgow, l’Institut météorologique néerlandais (KNMI) annonce que le niveau de la mer pourrait augmenter bien plus que prévu au large des côtes néerlandaises : 1,2 mètre vers 2100 si on ne fait rien pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Et pour la première fois, la barre des 2 mètres n’est pas exclue des prévisions. Ces projections régionales valent aussi pour la côte belge. Mais quel sera l’impact d’une telle hausse sur notre territoire ?

L’Institut météorologique néerlandais (KNMI) a sorti, ce lundi 25 octobre, un rapport qui présente les différents changements induits par le réchauffement climatique auxquels les Pays-Bas devront faire face dans les prochaines années. Ce rapport est en quelque sorte une interprétation régionale du 6e rapport du GIEC paru en août dernier. Il se base sur le dernier rapport du GIEC et ses propres recherches.

Selon Frank Pattyn, Directeur du Laboratoire de glaciologie de l’ULB, ces projections régionales affinées valent également pour la Belgique. Car à l’échelle de la planète, les Pays-Bas et la Belgique vont subir les mêmes changements climatiques et météorologiques induits par le réchauffement de notre planète.


Une hausse du niveau marin qui varie de 30 cm à 1,2 mètre en fonction des émissions de gaz à effet de serre

Ce que la plupart des médias ont retenu de ce rapport – et à juste titre vu que l’institut a soigné sa communication en mettant l’accent sur ces chiffres en particulier – c’est que les Pays-Bas vont faire face à une montée des eaux encore plus importante que prévu : "Si nous ne réduisons pas les émissions de gaz à effet de serre, le niveau de la mer au large des côtes néerlandaises pourrait monter de 1,2 mètre vers 2100 par rapport au début de ce siècle, et si la fonte de la calotte glaciaire au pôle Sud s’accélère, le niveau peut même s’élever jusqu’à 2 mètres".

Ce chiffre – 1,2 mètre – c’est 20 cm de plus que ce qui avait été annoncé dans le précédent rapport du KNMI. Mais il est aussi à nuancer car il s’agit de l’élévation du niveau marin dans le cadre d’un scénario où on ne fait rien pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre.

Si on arrive à stabiliser le réchauffement global sous la barre des 2°C d’ici la fin de siècle (scénario SSP1-2.6 du 6e rapport du GIEC), les experts néerlandais projettent une hausse du niveau marin dans nos régions allant de 30 cm à 80 cm.

Quel est l’impact d’une hausse du niveau marin en Belgique ?

Selon François Massonnet, climatologue, professeur à l’UCLouvain et chercheur au FNRS, la montée des eaux n’est pas le seul paramètre à prendre en compte quand on veut comprendre l’impact de ce changement sur nos territoires. Il faut combiner cette élévation du niveau de la mer avec d’autres éléments, comme une grosse tempête associée à une grande marée. La dernière fois que cela s’est produit, c’était en janvier 2017 ; la tempête Dieter, s’écrasant sur le littoral en période de grande marée, avait contraint les autorités de la côte à acheminer des milliers de sacs de sable pour former une digue en urgence et ainsi éviter des inondations.

François Massonnet ajoute : "les éléments pris isolément ne sont pas forcément problématiques, c’est quand on les met ensemble qu’ils ont des effets dévastateurs"Car cette combinaison de facteurs aggravants peut provoquer le débordement des cours d’eau et inonder l’arrière-pays. Si l’Escaut et ses rivières secondaires sortent de leur lit, un territoire très large peut se retrouver les pieds dans l’eau, avec les villes de Gand, Anvers et même Malines, qui sont impactées.

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Des inondations et intempéries plus fréquentes

Néanmoins, un niveau marin plus haut augmente fortement le risque d’inondation. Selon Frank Pattyn, Directeur du Laboratoire de glaciologie de l’ULB, une montée des eaux de 50 cm augmente le risque d’inondation par facteur 10. "Pour une hausse d’un mètre, on passe à un facteur 100".

Des inondations provoquées par des tempêtes et des grandes marées pourraient selon lui avoir lieu tous les ans, au lieu d’une fois par siècle comme on a connu par le passé.

D’autant plus que les futures tempêtes ne seront pas les mêmes que celles que nous connaissons à l’heure actuelle. Cet argument est avancé par François Massonnet, climatologue à l’UCLouvain : "l’atmosphère s’étant réchauffé, l’air contiendra plus de vapeur d’eau, et les tempêtes de 2050 arriveront sur nos côtes avec plus d’eaux précipitables, ce qui rajoutera une couche sur les possibles inondations liées a la pénétration de l’eau provenant de la mer via les différents cours d’eau."

Alors comment faire face à la hausse du niveau marin ?

La priorité absolue pour gérer la montée des eaux reste la réduction drastique des émissions de gaz à effets de serre.

Mais pour limiter les impacts humains et les impacts au niveau du territoire, les Etats mettent en place des mesures d’adaptation. En Flandres, on construit des digues et les plages sont renflouées avec du sable chaque année. À Nieuport, un barrage anti-tempête est en construction dans le chenal du port. L’objectif est de pouvoir fermer une grande porte en cas de tempête et de protéger Nieuport et surtout l’arrière-pays en évitant que l’eau pénètre dans l’Yser.

Ce plan de protection mis en place par la Flandre doit protéger nos régions pour une hausse du niveau des mers pouvant aller jusqu’à 30 cm. Les mesures seront adaptées au fur et à mesure des années.

Un moment crucial…

Selon Frank Pattyn, " la hausse du niveau marin ne s’arrêtera pas même si on arrive à stabiliser la température globale. " Le mécanisme est déjà enclenché. Il ajoute : " C’est néanmoins très important qu’on limite cette hausse de température pour avoir une montée des eaux la plus douce et ainsi limiter les impacts, et surtout pour ne pas dépasser la barre des 2°C, car on risque d’avoir un phénomène d’effondrement qui va donner lieu à des phénomènes catastrophiques plus importants. "

La COP26, qui se tiendra entre le 31 octobre et le 12 novembre à Glasgow, est considérée comme un moment crucial pour revoir à la hausse les objectifs de réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le réchauffement climatique.

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