Le hockey est-il toujours un sport réservé à une élite en Belgique ? Ce vendredi sur Matin Première, François Heureux s’est penché sur cette question avec plusieurs intervenants. Patrick Keusters, président de l’Association royale belge de hockey, Arthur Lefebvre, chercheur à l’UCLouvain en gouvernance et stratégie des organisations sportive et Christophe Reculez, journaliste sportif à la RTBF étaient les invités de ce débat. Entre l’inclusivité dans le sport et une semi-démocratisation financière, les avis divergent sur cette question.
Avec plus de cent clubs et pratiquement 60 000 pratiquants, le hockey belge a pris une ampleur considérable depuis une dizaine d’années. Médaillés d’or aux Jeux olympiques de 2018 et Champions du monde en titre, les Red Lions sont les emblèmes du hockey mondial actuel. Avec ce palmarès et ces performances, les hockeyeurs ont sans aucun doute joué un grand rôle au niveau du développement de leur discipline selon Patrick Keusters, président de l’Association royale belge de hockey. "L’engouement pour le hockey s’est concrétisé ces dernières années. Beaucoup de clubs ont été créés et le nombre de membres continue d’augmenter. Nous allons bientôt atteindre les 60 000 pratiquants. Alors qu’il y a dix ans, nous étions à 25 000. Il y a eu un effet positif avec les succès des Red Lions."
Malgré cette évolution, pratiquer cette discipline coûte encore énormément aux parents et aux pratiquants. Entre l’achat du matériel et de la cotisation annuelle, la note peut s’élever à plus de 500 euros dans certains clubs. Des coûts qui peuvent freiner la démocratisation du hockey selon le chercheur de l’UCLouvain Arthur Lefebvre. "Le hockey a cette étiquette de sport élitiste. L’équipe nationale a eu ce rôle modèle qui a inspiré de nombreux jeunes à se mettre au hockey et a démocratisé ce sport. Si démocratiser signifie réduire le coût d’accès à la pratique, il est difficile de dire que le hockey s’est démocratisé. Le dernier sondage de l’AISF (l’Association interfédérale du sport francophone) indiquait que plus d’un quart des clubs sportifs francophones avaient augmenté le prix de leur cotisation." Il estime néanmoins qu’en termes d’inclusivité le hockey est une figure de proue en Belgique. "Si par démocratiser, on entend donner l’accès à tous, je peux dire que le sport en général et le hockey se démocratisent. Parce que de nombreuses fédérations prennent à bras-le-corps cette notion d’inclusivité. Le hockey a cette volonté d’aller chercher un public qui n’est pas habitué à cette discipline."
Le sport pour tous, la Ligue Francophone de Hockey met tout en place pour respecter cet axe avec notamment Hockey Together qui permet d'accueillir dans des clubs des joueurs porteurs d’un handicap pour les entraîner. De plus, de nombreux clubs belges possèdent une équipe masculine mais aussi féminine. Un pari gagnant vu le nombre croissant de filles affiliées. "Nous vivons un peu le même phénomène qu’en Hollande. La croissance pour l’instant chez les jeunes filles est plus forte que chez les garçons. Il y a plusieurs raisons. L’offre des sports collectifs pour les filles est moins large que pour les garçons et les gens sont aussi attirés par les valeurs qu’on essaie de transmettre : le fair-play et l’éthique sur le terrain", estime Patrick Keusters.