Il est des matins, succédant une nuit trop courte, où les bras de morphée ne vous relâchent pas totalement au réveil. Un moment d’hésitation, sous forme de questionnement, face aux souvenirs des évènements de la veille : Est-ce un rêve ou la réalité ?
Pour les Red Lions ce matin, après avoir peut-être dû se pincer, les deux hypothèses se sont révélées exactes. En cette chaude soirée tokyoïte, les Red Lions ont transformé leur rêve en réalité. Que cela doit être intense, jouissif, grisant d’ouvrir les yeux à l’aube, seul face à soi-même, et d’avoir comme première pensée : Je suis champion olympique.
Ce groupe de joueurs avait déjà connu la gloire d’un titre mondial et européen mais cette victoire en terre nippone, parce qu’attendue depuis cinq ans, restera à jamais gravée dans leur mémoire et dans leur palmarès, où il ne manque désormais plus aucune une ligne.
Mais dans le fond, cette victoire est-elle la fin d’un chapitre, le début d’un autre, ou la simple suite de l’histoire ?
Pour les plus anciens, fatalement, la question de la fin de l’histoire se pose et la tentation de sortir par la grande porte, après des années de sacrifices, doit être grande. Pour le moment, seul Thomas Briels (ancien capitaine devenu réserviste avant les JO, pour finalement s’imposer dans l’équipe) a annoncé sa fin de carrière internationale.
Vincent Vanasch a lui confirmé poursuivre l’aventure jusqu’aux JO de Paris. Inutile de préciser, après cette finale, à quel point ce choix est une bonne nouvelle.
Pour les autres, l’heure est encore à la difficile réflexion. John-John Dohmen en est le parfait exemple. A 33 ans, le joueur belge le plus capé de l’histoire est revenu à un niveau bluffant durant ce tournoi après avoir dû travailler très dur suite à ses problèmes de santé durant la Coupe du monde 2018. Mais aura-t-il l’envie et le courage de poursuivre l’aventure durant les trois prochaines années qui verront une Coupe du monde, un Euro et Paris 2024 se disputer ?
Avec le risque, peut-être un jour, de se voir pousser vers la sortie par la jeune garde. En ce sens, comment ne pas penser à Tom Boon, blessé au début du tournoi et qui s’est vu imposer un statut de réserviste sur l’autel de la concurrence. On ne peut que souhaiter que le Bruxellois, si important par le passé, se remette de ce qui doit être une énorme déception malgré les sourires de façade.
Par contre, un chapitre se ferme avec certitude : celui de Shane McLeod. On ne va pas répéter l’importance du Néozélandais dans les titres glanés depuis trois ans. Mais l’image du coach, en larmes et drapé d’un drapeau noir-jaune-rouge à la fin du match, était révélateur. De tous les sélectionneurs étrangers qui se sont succédés au chevet des Red Lions, il aura été – et de loin – celui qui aura le mieux compris ce groupe de copains (notion indispensable pour analyser ces succès à répétition) et les particularités qui fondent notre nation.
L’annonce qu’il restera disponible dans les mois à venir, comme consultant ponctuel, ne peut-être qu’une bonne nouvelle pour celui qui sera chargé d’écrire un nouveau chapitre : Michel van den Heuvel. Le Néerlandais, actuel adjoint au style beaucoup plus direct que McLeod, aura la difficile tâche de lui succéder. Un nouveau chapitre qui devrait aussi permettre aux plus jeunes de prendre de plus en plus de place. En ce sens, les performances très remarquées d’Antoine Kina (25 ans) et Arthur De Sloover (24 ans) ont de quoi rassurer (Sans compter ceux qui ne manqueront pas de venir frapper à la porte dans les années à venir).
Mais il est un acteur de ce succès pour qui l’histoire continue tout simplement : la fédération belge. Voilà 20 ans qu’elle construit le succès actuel en se reposant sur la formation des jeunes et le programme Be Gold. Cruauté de l’histoire et d’une pandémie qui a retardé ces JO d’un an, celui qui a été à l’origine de ce processus n’est plus aux manettes : Marc Coudron.
Mais nul doute que le Bruxellois, dont la présidence longue des seize années s’est achevée il y a quelques semaines, a dû savourer ce moment avec intensité devant (malheureusement et comme tous les supporters) sa télé.
Espérons que la fédération poursuivra sur cette voie afin de continuer à fournir les Red Lions en talents, génération après génération.
Mais, bien entendu, aussi bon soit le travail fourni, la Belgique ne manquera pas de perdre son titre olympique ou mondial. Aucune nation ne peut dominer indéfiniment une discipline. Souhaitons simplement que cela dure le plus longtemps possible et que les scénaristes de leurs aventures continuent de nous offrir des scénarii aussi intenses que celui de cette finale.
En attendant, savourons ce moment : Les Red Lions sont champions olympiques !