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Réforme des retraites en France : quatrième journée de manifestations

Image d'archive : le 7 février 2023, les syndicats français ont pris la tête d'une troisième vague de grèves et de manifestations à l'échelle nationale contre les projets du président Emmanuel Macron visant à faire travailler les Français plus longtemps a

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Par AFP, édité par M. Allo

Les syndicats espèrent mobiliser très fortement samedi, à l'occasion de la quatrième journée d'action contre la réforme des retraites, et se faire entendre enfin de l'exécutif, occupé à faire avancer la réforme au Parlement.

C'est "un rendez-vous extrêmement important", a déclaré vendredi le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, appelant "tout le monde à aller dans les manifestations".

La première fois un samedi

C'est la première fois depuis le début du mouvement que les syndicats organisent des manifestations le samedi, "l'occasion pour un certain nombre de salariés qui ne pourraient pas se mobiliser en semaine" de le faire, a souligné samedi sur RMC Marie Buisson, secrétaire générale de la CGT éducation, car "trois journées de grève, c'est trois journées de salaire en moins". Ainsi de Juliette Achigar, 47 ans, gestionnaire de paie qui ira manifester à Bayonne. "J'ai hésité à y aller mardi, mais je perdais une journée de travail et financièrement ce n'était pas gérable", a-t-elle dit à l'AFP.

Dépasser le million de manifestants, ça serait un beau succès

"Dépasser le million de manifestants, ça serait un beau succès", a estimé Laurent Berger. De source policière, on s'attend à une participation comprise entre 600.000 et 800.000 personnes, dont 90.000 à 120.000 à Paris, où le défilé ira de République à Nation.

Dix mille forces de l'ordre seront mobilisées partout en France, dont 4500 à Paris. Sans appel à la grève, les réseaux RATP et SNCF devraient fonctionner normalement.

Je ne suis pas là pour avoir des états d'âme

Les trois premières journées d'action ont réuni entre 757.000 et 1,27 million de personnes selon les autorités (entre près de deux millions et plus de 2,5 millions selon l'intersyndicale), sans infléchir l'exécutif, qui tient bon sur la mesure-phare de la réforme, le recul de l'âge légal de départ à 64 ans. "Je ne suis pas là pour avoir des états d'âme", a confié la Première ministre Elisabeth Borne au journal Le Parisien.

Depuis Bruxelles, où il participait à un sommet européen, le président de la République Emmanuel Macron a semblé regarder ailleurs jeudi: "Je souhaite d'abord que le travail puisse se poursuivre au Parlement", "c'est ainsi que la démocratie doit fonctionner", a-t-il dit, avant d'inviter les syndicats à organiser la contestation "dans le calme" et sans "bloquer la vie du reste du pays".

Pas dans la rue

"On a les mobilisations les plus fortes depuis le début des années 1990 (...) et on a le sentiment y compris parfois dans les interviews (...) des membres du gouvernement que tout ça n'existe pas", s'est offusqué Laurent Berger, critiquant une forme de "mépris".

Le risque, soulignent les syndicats réformistes, est celui d'une radicalisation de la base, et aussi d'une forme de "désespérance sociale" qui se traduise par un vote d'extrême droite dans les urnes.

"Quand des millions de personnes sont dans la rue et qu'on entend les petites phrases (...) du président de la République, forcément on se dit qu'il va falloir réfléchir à faire autre chose", a affirmé vendredi le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

Si le gouvernement ne tient pas compte des demandes des Français sur les retraites, "on aura à l'issue de cette réforme un divorce encore plus prononcé, encore plus inquiétant, entre les Français et ceux qui nous gouvernent", a averti samedi sur France Inter le président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

A gauche, la maire de Paris Anne Hidalgo a assuré dans un tweet que la ville serait toujours "solidaire du mouvement social". La députée LFI Raquel Garrido, espérant sur RMC une "mobilisation historique", a "salué la décision de l'intersyndicale de faire une mobilisation un samedi".

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Nouvelles journées d'action

De nouvelles journées d'action sont prévues le 16 février, pour la deuxième semaine d'examen du projet gouvernemental au Parlement, et le 7 mars, alors que le texte sera arrivé au Sénat. Solidaires envisage de "porter la grève reconductible à partir du mercredi 8 mars". La CGT-Cheminots appelle d'ores et déjà à la grève reconductible à partir du 7 mars.

Les syndicats présenteront leur plan de bataille lors d'une conférence de presse samedi.

L'article 7, qui porte la mesure d'âge, pourra-t-il faire l'objet d'un vote ? Rien n'est moins sûr, alors que les députés de la Nupes ont déposé des milliers d'amendements, débattus dans une ambiance tumultueuse qui est encore montée d'un cran vendredi avec l'exclusion pour 15 jours du député insoumis Thomas Portes pour un tweet polémique, le montrant le pied posé sur un ballon à l'effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt.

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