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Réforme des retraites en France : une centaine de plaintes déposées à Paris pour des "arrestations arbitraires"

Réforme des retraites en France : une centaine de plaintes déposées à Paris pour des "arrestations arbitraires". Photo d'illustration.

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Par AFP, édité par Marine Lambrecht

Un collectif d'avocats a déposé vendredi "une centaine de plaintes" à Paris contre des arrestations et détentions "arbitraires", dénonçant "une escalade répressive" qui viserait à briser la mobilisation contre la réforme des retraites post 49.3, mais aussi "un embrigadement de l'autorité judiciaire".

Déposées vendredi matin auprès du tribunal judiciaire de Paris par ce collectif de vingt avocats, ces plaintes dénoncent, selon Me Alice Becker, les procédures de la capitale, qui feraient en effet l'objet de "75% de classement sans suite" de la part du parquet.

Ce taux de réponse pénale à Paris, 25%, est le même à l'échelle nationale selon les chiffres de la Chancellerie pour la période du 16 au 25 mars: sur 1.346 personnes placées en garde à vue, 158 ont fait l'objet d'alternatives aux poursuites et 195 ont été poursuivies, soit un taux de 26%.

Le nombre global d'interpellations, supérieur, n'est pas connu.

Le collectif compare cette proportion d'un quart au taux habituel: 90% entre 2012 et 2019 dans toute la France pour l'ensemble des affaires, selon l'Insee.

Pour Me Coline Bouillon, c'est le signe de "gardes à vue sanctions". "Ça a un triple sens: dissuader, sanctionner et ficher", d'après elle.

 

"Escalade répressive"

Une jeune femme, sous couvert d'anonymat, a raconté lors de la conférence de presse sa garde à vue de 21 heures avant que sa procédure ne soit classée sans suite. Interpellée "à la suite d'une nasse" près de la place d'Italie le 18 mars avec "une vingtaine" d'autres jeunes et "avec beaucoup de coups", elle a été placée "dans un bus pendant quatre heures", sans pouvoir aller aux toilettes par exemple, a-t-elle affirmé.

J'avais très peur pour mon avenir (...) alors que je manifestais pacifiquement

Les plaintes, qui suivent toutes le même modèle, visent trois infractions, imputables à la police et à la justice: atteinte arbitraire à la liberté individuelle par personne dépositaire de l'autorité publique, non-intervention pour l'arrêt d'une privation de liberté illégale et entrave à la liberté de manifester.

Les avocats mettent notamment en cause le parquet, "embrigadé" dans cette "escalade répressive", selon Me Raphaël Kempf, en "autorisant ces gardes à vue" et en "instrumentalisant le droit et la procédure pénale à des fins de maintien de l'ordre".

Me Kempf pense que le parquet de Paris, mis en cause par ces plaintes, les transmettra "de son initiative" à une autre juridiction pour qu'elle les traite.

Contacté par l'AFP, le parquet de la capitale n'a pas souhaité commenter, indiquant que ces plaintes sont "en cours d'enregistrement".

Sur le même sujet (JT du 28/03/23) :

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