"Je préfère aussi le terme "exilé" à propos des Ukrainiens", explique le directeur de recherche du FNRS et directeur du CEDEM, le Centre d'études ethniques et migratoires) à l'Université de Liège, Marco Martiniello : "L'usage des mots "migrant" ou "réfugié" nous condamne à faire une sélection entre bonnes personnes et mauvaises personnes. Le terme "exilé" est plus neutre et permet de sortir d'une approche basée sur l'urgence. Je plaide pour qu'on utilise ce terme qui englobe toutes les causes migratoires dont l'une n'est pas moins bonne que l'autre. Ça permet de casser la dichotomie les bons et les mauvais, les personnes acceptables et celles qui ne le sont pas".
Pour Marco Martiniello encore, sous couvert de langage, il ne s'agit pas, au contraire, de remettre en question l'activation de la directive protection temporaire par l'Union européenne qui permettra aux exilés ukrainiens d'obtenir un titre de séjour de manière accélérée, mais d'observer que la directive n'a pas été activée avant, par exemple en 2015, lors de la crise en Syrie. Et d'ajouter : "Que l'on prenne cette occasion pour revoir notre politique de l'asile, notre politique migratoire…parce qu'une personne égale une personne".
Les mots sont loin d'être innocents. Ils ont un sens qui dépasse celui des dictionnaires, façonnés par le discours politique voire médiatique, et forgent notre vision du monde.