"Je ne sais pas si Tintin pourrait exister sans Milou, affirme Renaud Nattiez. Je crois qu’il faut absolument un pendant de Tintin. Vous savez qu’Hergé a parlé à Tintin à la radio, en lui reprochant d’être trop parfait. Hergé n’en pouvait plus de la perfection de Tintin qu’il se sentait lui, incapable d’atteindre. Je pense que Milou d’abord, et le capitaine Haddock ensuite, qui ont un peu le même rôle par rapport à la perfection de Tintin, lui permettaient à la fois d’avoir bonne conscience, de présenter des gens avec des défauts comme tout le monde. Et en même temps, c’était la mauvaise conscience d’Hergé qui ressemble plus à Milou qu’à Tintin."
Parmi les défauts de Milou que Tintin n’a pas ou n’ose pas avoir, il y a ce rapport entre Don Quichotte et Sancho, entre le héros et l’anti-héros. Tintin est d’ailleurs parfois traité de Don Quichotte par ses ennemis, comme dans Le Lotus bleu, où il est vu comme quelqu’un qui se bat contre les moulins à vent. Milou, comme Sancho, rappelle souvent Tintin à la raison : "Tu n’as pas honte, Tintin, à ton âge. Sois raisonnable !" ce qui est un peu le paradoxe.
Par contre, Milou est bon vivant, obsédé par la nourriture, avec même un petit penchant pour l’alcool !
L’auteur montre que Milou est un être hybride, à la fois chien mais aussi humain, ne serait-ce que par cet élément fondamental qui est le langage. Mais autant le lecteur comprend ce que dit Milou, autant Tintin ne le comprend pas, à une ou deux exceptions près, comme dans Tintin en Amérique. Il ne comprend généralement que des aboiements. La communication est complètement unilatérale entre eux.