Hello Emma ! Tu es une artiste canadienne, née en Hongrie, avec des origines péruviennes et tu as vécu quelques années à New York. C’est un parcours assez peu commun, tu sais nous en raconter un peu plus ?
Je suis née en Hongrie mais mon père est péruvien, ce qui fait que j’ai déménagé au Pérou. Je suis venue à Montréal à l’âge de trois ou quatre ans. J’y ai grandi jusqu’à la fin de mes secondaires, où je suis partie rejoindre ma mère à New York. Elle était ballerine, ce qui fait qu’elle bougeait et déménageait souvent.
Quand t’es-tu prise de passion pour le hip-hop ?
À partir de mes 11 ans, j’étais dans un groupe de danse hip-hop, avec qui je suis d’ailleurs allée à Los Angeles pour les World Hip-Hop Championships. Je me suis vraiment rendu compte que c’était ma culture, ma passion. J’écoutais beaucoup de rap, mais je ne rappais pas encore. J’écrivais beaucoup de lignes, de rimes, etc. Je me rappelle que je ne les disais même pas à voix haute, j’étais trop gênée de franchir cette limite. Quand je suis allée à New York, j’ai trouvé des amis qui me ressemblaient assez rapidement. On était tout le temps en cyphers, on écoutait des beats et on freestylait. C’est là que j’ai pu essayer et développer mes compétences, mais surtout me donner un peu de confiance. Puis à New York, on allait se baigner à Jones Beach, un endroit dont Biggie ou Big L parlent dans leurs sons… J’habitais à l’endroit d’où venaient mes rappeurs préférés. Je me sentais vraiment chanceuse d’être dans cet environnement-là. Je n’ai pas vécu les mêmes choses que les rappeurs que j’aime, mais je comprends d’où ils viennent. J’ai pu vraiment me découvrir.
C’est quoi le déclic qui t’a poussée à rapper ?
Dans les cyphers, les gens n’étaient pas forcément très bons, je me disais que j’étais capable de faire ce qu’ils faisaient. On buvait aussi beaucoup d’alcool lorsque j’étais en secondaire. Ça donne une confiance, ça enlève les inhibitions. Je me suis rendu compte que j’étais capable de rapper. J’ai retrouvé des vidéos de moi à 17 ans, où je fumais et je plaçais des textes sur du DJ Premier. Mais à ce moment-là, jamais je ne pensais faire ça “pour de vrai”, que des gens voudraient m’écouter. Quand les gens autour de moi ont commencé à me dire qu’ils aimaient bien ce que je faisais, on a créé notre groupe avec mon amie Gab. Petit à petit, on a sorti de la musique, les gens ont commencé à venir à nos shows… Le déclic de faire du rap s’est en réalité fait pendant le processus.