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Rencontre avec les réalisateurs de "Normal"

"Normal" revient avec 4 nouveaux épisodes autour de santé mentale, qui questionnent notre rapport à la "normalité". Cette série documentaire laisse la parole à 4 personnes atteintes de "burn-out de la vie", autisme, schizophrénie et dépression. Entre résilience, acceptation totale de sa condition et apprentissage quotidien, ces portraits intimes nous emmènent au-delà des idées préconçues sur les troubles d’ordre psychologiques.

Rencontre avec les 2 créateurs de cette série documentaire, Pablo Crutzen Diaz et Benoît Do Quang.

Normal - Saison 2

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Pourquoi avoir répondu à l’appel à projets de la RTBF, quelles étaient vos motivations ?

Comme beaucoup de jeunes adultes, nous avons des amis proches qui ont connu des épisodes psychotiques, des moments où leur comportement déviait de la norme. À l’université ou pendant la vingtaine, c’est difficile d’appréhender " sereinement " ces changements, on a tendance à juger, à éviter la confrontation avec la personne en question, à les juger en leur absence même. C’est souvent la peur de l’inconnu et les clichés qui nous poussent à juger les autres et en nous intéressant à des jeunes qui ont souffert ou souffrent toujours de dépression, schizophrénie, burn-out, bipolarité, autisme ou qui vivent simplement un mal être psychologique, nous voulions simplement apprendre. Donner la parole et écouter pour, peut-être, éviter les erreurs que nous avions commises dans le passé.

Aujourd’hui, à 31 ans, et après 2 saisons de Normal, nous sommes bien conscients que ces troubles sont de réelles maladies, qui nécessitent un encadrement professionnel de tous les jours mais nous sommes aussi persuadés qu’un état mental plus stable passe aussi par un entourage à l’écoute et moins jugeant.

 

Comment vouliez-vous approcher la santé mentale, au niveau narratif, et au niveau de la réalisation ?

La santé mentale est encore trop peu abordée dans les médias traditionnels. Quand elle l’est, c’est souvent au travers le prisme médical, froid et impersonnel. On voulait aller a contrario de ça et apporter une dimension avant tout humaine. S’intéresser aux personnes qui cohabitent avec ces troubles et leur laisser nous raconter leur vécu.

Nous voulions que chaque épisode soit perçu comme une " confession ". Comme le chapitre d’un journal intime. Nous avons mené notre interview avec les participants comme une discussion ouverte et naturelle, souvent durant plus de deux heures. Nous n’avons pas envoyé les questions à l’avance pour garder le plus d’authenticité possible.

 

Est-ce que le regard et le discours autour de la santé mentale dans l’espace public et les médias ont évolué entre la saison 1 et la saison 2 ?

On pense que oui. Ça prend du temps mais c’est une thématique qu’on voit de plus en plus apparaître sur internet, les réseaux et dans nos discussions. Pendant longtemps, la santé physique a eu une large priorité face à la santé mentale mais on sent que c’est en train de s’ajuster qu’on s’y intéresse de plus en plus. On a appris que les épisodes de la saison 1 de la série étaient utilisés comme supports éducatifs dans les écoles et même à l’université et c’est la plus belle récompense pour nous. Ça nous tenait vraiment à cœur que notre travail puisse servir comme outil de compréhension.

 

Qu’est-ce qui vous a le plus interpellé, lors de la recherche de casting, et lors des rencontres ?

La chose qui nous a vraiment marquée c’est la générosité humaine des gens qu’on a rencontrés. Lorsqu’on les filme pour raconter leur récit, c’est la première fois qu’ils nous rencontrent. On a été très surpris de la confiance que les gens nous ont accordée et de leur capacité à mettre des mots sur ce qu’ils ressentent au quotidien. S’exprimer devant une caméra est déjà un exercice difficile, mais parler d’un sujet aussi intime devant deux inconnus l’est encore plus.

 

Durant tout le processus, quelle rencontre vous a le plus inspirée ou marquée ?

Dans la première saison, la rencontre avec Florine a été très forte pour nous deux. Elle a un passé assez lourd avec de nombreux passages en psychiatrie mais elle fait preuve d’une résilience impressionnante. Elle voulait participer au projet mais avait aussi peur de se livrer à des inconnus, ne sachant pas si elle pouvait nous faire confiance. Au fil de nos rencontres, elle s’est vraiment ouverte à nous et ça nous a marqués. Le dernier jour de tournage de la première saison, elle a interprété a capella une chanson qu’elle avait écrite à propos de son enfance et ça nous a tous les deux bouleversés.

De manière générale, ce qui est frappant en tant que réalisateur, c’est de se rendre compte que l’on porte tous en nous une part des troubles des gens que nous avons rencontrés. Leur témoignage résonne souvent beaucoup plus fort en nous que ce à quoi nous nous attendions. C’est important de se rappeler que tout le monde peut vivre ce qu’ils ont vécu à tout moment.

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