Famille

Rendre les crèches plus accessibles, c’est "un soutien à la baisse de la charge mentale", selon le collectif des familles monoparentales

Crèches subventionnées : Tarif préférentiel pour parents solos

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Pour les familles monoparentales, la crèche subventionnée est devenue 30% moins cher depuis le 1er janvier 2023. Et elle est gratuite pour les bénéficiaires de l’intervention majorée. Si les parents solos s’en réjouissent, ce n’est pas pour rien : la crèche est d’autant plus indispensable quand on n’a pas de deuxième parent sur lequel s’appuyer. Et puis, parce que "certainement, ça va changer mon budget mensuel !", réagit Laure Dutilleux, maman de la petite Léonie, 21 mois, à Awans en province de Liège.

Un gain de 124 euros par mois

Concrètement, Laure a des revenus qui s’élèvent à 1890 euros nets mensuels. En 2022, elle payait 124 euros par mois pour mettre Léonie à la crèche trois jours par semaine. À partir de 2023, la crèche lui reviendrait à 88 euros par mois avec la réduction de 30%, soit une différence de 36 euros par mois.

"Je comptais 140 euros par mois de crèche pour être sûre, explique la maman solo. C’est une somme que je vais pouvoir mettre dans un week-end ou des vacances avec Léonie."

Si la maman compte la totalité de ce qu’elle payait par mois en moins dans son budget, et non pas juste les 30%, c’est parce qu’elle a désormais droit au statut BIM, bénéficiaire de l’intervention majorée. En effet, "depuis quelques mois, je suis passée à mi-temps médical". La crèche est alors gratuite pour la maman.

Beaucoup de parents solos travaillent à temps partiel pour pouvoir concilier vie familiale et vie professionnelle. Ils ont donc logiquement de plus petits revenus. "Oui, je ressens de plus en plus cette augmentation sur le coût de la vie mais travaillant à mi-temps médical, j’ai 'la chance' d’avoir un revenu complémentaire", réagit Laure Dutilleux. Mais toutes ne sont pas dans cette situation.

Selon l’Iweps qui se base sur les revenus des ménages de 2020, "le taux de risque de pauvreté des membres de familles monoparentales se situait entre 28,3% et 43,5%" en Wallonie. Cet indicateur permet d’identifier les personnes vivant dans des ménages dont les ressources financières sont très faibles par rapport au revenu médian national. Les familles monoparentales sont les configurations familiales les plus à risque.

Monoparentalité rime bien trop souvent avec pauvreté

"On sait que monoparentalité rime bien trop souvent avec pauvreté et précarité, spécialement la précarité infantile", réagit Marie-Claire Mvumbi. Elle est présidente du Collectif des familles monoparentales, Co.fa.mon. "Donc le fait de pouvoir réduire le coût de la crèche permet déjà d’améliorer le pouvoir d’achat des familles et ce n’est pas négligeable du tout. Ensuite, le fait de pouvoir mettre son enfant dans une crèche permet au papa ou à la maman de retrouver du travail s’il n’en a pas."

Davantage de temps pour soi

Ça, c’est sur le plan économique. Mais l’autre grosse plus-value pour les familles monoparentales, c’est le temps pour soi ou pour d’autres tâches que l’éducation de l’enfant. Rendre les crèches plus accessibles, c’est "un soutien à la baisse de la charge mentale", explique la présidente du collectif Co.fa.mon.

Du 24 heures/24

"Lorsqu’on est seul avec un enfant, c’est du 24 heures/24. Un bébé ne s’arrête jamais car vous êtes seules et vous ne pouvez pas profiter du fait qu’il y ait un deuxième parent. Si grâce à cette mesure, les mamans et papas solos peuvent se permettre de mettre l’enfant un à deux jours par semaine à la crèche, c’est énorme, rien qu’en termes de réduction de la charge mentale. C’est du temps pour souffler, reprendre le sport, faire des démarches administratives, se reconnecter à la société."

Psychologiquement, physiquement, ça fait du bien d’avoir une journée pour soi

Pour Laure Dutilleux, la maman solo interviewée, ce n’était pas la première raison énoncée pour laquelle elle voulait mettre sa petite Léonie à la crèche. Elle parle d’abord des relations sociales… de son bébé, "pour qu’elle sociabilise et voit d’autres adultes et enfants que moi en journée".

Mais, très vite, elle parle aussi de ce temps pour soi nécessaire. "Léonie va à la crèche trois jours par semaine. Il y a un jour où elle y est et où je ne travaille pas. Et je vous avoue que psychologiquement, physiquement, ça fait du bien d’avoir une journée pour soi. Pour faire le ménage aussi. De savoir qu’elle est bien, qu’elle a tout ce qu’il lui faut. Ça fait une charge en moins cette journée-là."

Pour les familles monoparentales, la crèche subventionnée est devenue 30% moins cher depuis le 1er janvier 2023. Et elle est gratuite pour les bénéficiaires de l’intervention majorée.
Pour les familles monoparentales, la crèche subventionnée est devenue 30% moins cher depuis le 1er janvier 2023. Et elle est gratuite pour les bénéficiaires de l’intervention majorée. © Getty images

La présidente du Co.fa.mon va même plus loin. "Souvent, on pense que le problème principal des familles monoparentales, c’est la pauvreté. Oui, mais je dirais aussi que c’est l’isolement social. Lorsqu’on est seul avec la charge d’une famille, on est le nez sur le guidon tout le temps, surtout s’il y a un bébé dans la fratrie. Prendre un jour permet de se mettre en lien avec les autres sans la poussette."

Un dernier détail qui a son importance. "On n’imagine pas à quel point la mobilité est compliquée quand on vit à la campagne, qu’il pleut ou qu’il neige et qu’on n’a pas de voiture. Le fait d’avoir un bébé à déplacer en poussette est très handicapant."

Manque de places dans les crèches

10/10 à cette nouvelle mesure donc ? Pas vraiment, répond Marie-Claire Mvumbi qui souligne, comme tous les parents que nous avons sondés pour ce sujet, la difficulté de trouver une place dans une crèche, subventionnée qui plus est. Les crèches privées n’appliquent en effet pas cette réduction.

Ce que l’on craint, c’est qu’il y ait encore moins de places en crèche

"Ce que l’on craint, c’est qu’il y ait encore moins de places en crèche. Les personnes qui restaient à la maison pour s’occuper de leur bébé et qui bénéficient du statut BIM vont pouvoir mettre leur enfant en crèche car c’est gratuit tout simplement. Déjà qu’il n’y a pas beaucoup de places, il risque d’y en avoir encore moins."

En 2020 (derniers chiffres disponibles), le taux de couverture en Fédération Wallonie-Bruxelles était de 38%. Cela signifie qu’il y a 38 places en milieu d’accueil pour 100 enfants. Un chiffre qui en explique un autre : selon le dernier baromètre de la Ligue des familles, 67% des parents rencontrent des difficultés à trouver une crèche pour leur enfant.

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